La base de données élaborée par l'Institut de Médecine Tropicale (IMT) d'Anvers et l'Institut Sanger en Grande-Bretagne a permis de découvrir un nouveau mécanisme de résistance chez le parasite causant la leishmaniose, indique jeudi l'institution anversoise. Cette maladie parasitaire touche environ deux millions de personnes dans une centaine de pays, dont le sud de l'Europe. Elle cause chaque année 50.000 décès.
"Le parasite leishmania est redoutable d'ingéniosité pour échapper à notre système immunitaire et aux rares traitements qui le combattent", expose le Pr Jean Claude Dujardin. La maladie, qui se transmet à l'homme et au chien par un insecte volant, le phlébotome, est la seconde affection parasitaire la plus mortelle après la malaria. Elle frappe surtout les populations les plus pauvres et les plus précarisées, qui n'ont pas toujours accès aux remèdes.
Pendant cinq ans, l'IMT a collecté et étudié des échantillons cliniques uniques de patients indiens et népalais. Ces recherches ont permis de retracer l'évolution du parasite puis de découvrir que celui-ci était capable d"hiberner" pour échapper au système immunitaire et aux médicaments. Les dernières études avaient montré que les leishmania jonglaient avec leurs chromosomes pour s'adapter à leur environnement.
Des chercheurs de l'Institut Pasteur à Paris et du Centre de régulation génomique de Barcelone ont à nouveau exploité la base de données anversoise et découvert un nouveau mécanisme de résistance. Ils ont ainsi mis en évidence que le parasite était non seulement capable d'amplifier le nombre de ses chromosomes mais qu'au sein d'une population de leishmania, les cellules n'étaient pas génétiquement identiques.
"Ce nouvel éclairage est important car il s'agit d'une maladie négligée, pour laquelle peu de médicaments sont produits", souligne le Pr Dujardin. "On tente donc de protéger les traitements qui existent."