Mieux comprendre les représentations de la santé qu’ont les patients dans une société multiculturelle n’est pas toujours simple. Le médecin n’a pas été formé à cela. Un certificat en anthropologie médicale, proposé par l’UCLouvain, vise à lui donner les outils nécessaires pour mieux appréhender cette problématique, dans le but d’adapter plus efficacement le colloque singulier à chaque patient.
Depuis quelques années, les choix personnels du patient en matière de santé et de maladie ont pris une importance majeure dans la relation thérapeutique en médecine. Mais comment comprendre un patient si l’on ignore ce qui fait sens pour lui ? C’est précisément ce que les anthropologues appellent la culture : « c’est ce qui fait sens pour un groupe ou un individu », disent-ils.
Dans l’exercice de sa profession, le médecin est constamment confronté à des patients issus de cultures différentes. Ces cultures sont déterminées par le statut social, la profession, la famille, ou encore l’origine ethnique des patients. Comment intégrer ce véritable kaléidoscope dans la pratique quotidienne ? Il faut bien reconnaître que, dans leur formation universitaire, les médecins n’ont guère reçu d’outils pour en tenir compte dans le colloque singulier. « Au fil de mes contacts, tant sur le terrain, à travers ma propre pratique de la médecine générale, que dans d’autres disciplines en tant qu’universitaire, je me suis rendu compte de la difficulté qu’ont les médecins à comprendre la culture de leurs patients », explique le Pr Cassian Minguet, responsable du Centre Académique de Médecine Générale de l’UCLouvain (CAMG-UCL).
C’est pourquoi le CAMG, en collaboration avec l’École des sciences politiques et sociales (PSAD) de l’UCLouvain, a décidé de pallier cette difficulté en créant un certificat interfacultaire en anthropologie médicale. Cette initiative est soutenue par les Facultés de Médecine et de Sciences Politiques.
La formation se compose de six conférences, données par des personnalités de renom dans le domaine de l’anthropologie médicale, et complétée par des séminaires d’approfondissement ainsi que des ateliers pratiques. Le programme du certificat vise à développer des connaissances et des compétences en anthropologie médicale et de la santé. Il explore les interactions entre culture, sociétés et pratiques médicales.
À l’issue de leur formation, les titulaires du certificat seront capables d’identifier les représentations de la médecine et de la santé de leurs patients dans divers contextes. Cela signifie qu’ils seront de plus en plus aptes à comprendre et à situer le patient dans son cadre de vie, et pourront ainsi personnaliser les soins en fonction des contextes individuels.
Les conférences sont ouvertes à tout public. Par ailleurs, la formation s’adresse à tous les professionnels de santé, et plus particulièrement aux médecins généralistes, notamment ceux qui sont maîtres de stage, car ils sont aussi des formateurs. « Nous attachons une importance particulière à la formation continue, et il nous semble essentiel que les maîtres de stage soient à jour dans leurs connaissances et adoptent une approche de leur propre pratique qui soit à la pointe de la réflexion éthique de leur époque », affirme le Pr Minguet. « Les médecins généralistes qui travaillent avec de jeunes médecins en formation n’ont pas les mêmes connaissances qu’eux, car les premiers ont suivi leur formation de base bien avant ceux qui sont encore en formation. Entretemps, tout a évolué. »
Ce certificat est un programme de formation continue universitaire de 15 ECTS (crédits), valorisables dans d’autres cursus, et vise à développer des connaissances et des compétences dans le domaine de l’anthropologie médicale et de la santé.
> Consultez le dossier complet de présentation du certificat.
Derniers commentaires
Lula KAPEMA
23 septembre 2024Pour la bonne pratique de leurs métiers, la plupart des professionnels de santé exerçant dans des quartiers multiculturels, apprenaient,sur le terrain,a comprendre la personne en face d'eux .Beaucoup d'efforts à fournir (Gestes,expressions du visage,mimiques,...maintenant il y a le smartphone qui peut faciliter la compréhension..à condition que la traduction soit correcte....
Mais une formation universitaire, c'est encore mieux.