L’Intercommunale de Santé Publique du Pays de Charleroi (ISPPC), membre du réseau HUmani demande à 125 médecins en formation de rembourser plus de 250 000 euros, invoquant une erreur de calcul survenue ces deux dernières années. En réalité, 250 médecins seraient concernés, pour une perte totale de plus de 600 000 euros. C'est ce que dénonce la DeMeFF, soulignant les défaillances de la gestion hospitalière et l'impact négatif sur les médecins en formation.
La situation financière des hôpitaux francophones est très compliquée, comme l’a montré le dernier rapport MAHA. Chaque institution fait le point sur sa trésorerie, cherchant le moindre euro d’économie. Dans ce contexte de crise et de tension budgétaire, la DeMeFF, la Délégation des Médecins Francophones en Formation, pointe du doigt une demande récente de remboursement à l’attention d’un grand nombre de médecins spécialistes en formation. « L’ISPPC réclame à 125 médecins en formation de rembourser plus de 250 000 euros, invoquant une erreur de calcul survenue ces deux dernières années. En réalité, ce seraient 250 médecins concernés sur deux ans, représentant une perte de plus de 600 000 euros. Cette “erreur”, révélatrice de dérives inquiétantes, souligne les défaillances d’un système de gestion hospitalière déjà critiqué pour son manque de transparence et d’efficacité. »
Des heures supplémentaires
Concrètement, les médecins en formation de l’ISPPC auraient perçu une rémunération trop élevée pour les heures supplémentaires prestées. L’hôpital aurait rémunéré “par erreur” les heures supplémentaires prestées par les médecins candidats spécialistes en formation à un taux de 125 % ou 150 %, alors que la réglementation prévoit que les heures supplémentaires sont rémunérées à un taux de 25 % ou 50 %.
Toutefois, selon la DeMeFF, l’hôpital ne peut légalement demander aux médecins spécialistes en formation de rembourser les rémunérations qu’ils ont correctement perçues. En effet, d’après eux (et leur cabinet d’avocat spécialisé qui suit ce type de dossier), l’établissement a correctement exécuté les contrats convenus avec les médecins spécialistes en formation, et il n’est légalement pas possible d’invoquer l’existence d’une “erreur” (nullement démontrée d’ailleurs) pour réclamer à présent le remboursement d’une rémunération correctement perçue. « Nous rappelons que les médecins en formation travaillent énormément et sous une grande pression. Ils s’interrogent réellement quant au respect que porte cet établissement à leur travail. »
Prise de conscience de tout le secteur
La DeMeFF en appelle à « une prise de conscience collective et à une réforme structurelle profonde de la gestion hospitalière. En cette année électorale, alors que les législatives approchent, nous ne pouvons ignorer que la majorité des membres du conseil d’administration de l’ISPPC sont issus du PS. Nous avions déjà mis en évidence cette discordance lors de la précédente problématique avec les Hôpitaux Universitaires de Bruxelles (Erasme, Bordet, HUDERF), qui tentaient de récupérer illégalement une prime destinée aux médecins en formation par l’entremise de son directeur général, M. Witmeur. »
Des moyens pour les soignants
« À l’hôpital, on soigne », rappelle la DeMeFF. « Pour cette mission, il faut des soignants. Cependant, ces derniers fuient nos institutions hospitalières, où le mal-être professionnel s’aggrave en raison de la déconsidération et du manque de respect pour leurs professions. Il est temps d’exiger transparence, efficacité et respect pour ceux qui sont au cœur de notre système de santé. »
Le tour des partis politiques
Plus que jamais, selon la DeMeFF, il convient de remettre de manière urgente les soignants au cœur du système de soins de santé. Pour sensibiliser les responsables politiques à cette question cruciale, ils ont fait le tour des partis politiques pour exposer les priorités des médecins en formation en vue du 9 juin.
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Au PS, un premier rendez-vous a été fixé, cordial mais peu concluant. Suite à l’affaire de l’ISPPC et à l’implication importante du PS, ils rencontreront les équipes de Paul Magnette, président, avant les élections.
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Au MR, la discussion a notamment porté sur la contrainte d’installation des médecins en formation, idée lancée par le parti pour les généralistes principalement, mais aussi pour les spécialistes. S’ils ont été écoutés, il ne semble pas y avoir eu d’avancées majeures à ce stade.
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Du côté des Ecolo, l’écoute a été constructive et les échanges d’informations se poursuivent, notamment sur le projet de réforme des commissions d’agrément.
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Au niveau des « Engagés », le parti a été à l’écoute des problématiques et se dit prêt à poursuivre le travail après les élections.
Ils ont aussi été écoutés par Défi, par contre le PTB n’a jamais répondu à leur e-mail de demande de rendez-vous.