L’indépendance de la profession médicale est sous pression en Europe. Le groupement d'intérêt européen des médecins CPME (Comité permanent des médecins Européens) met en garde contre ce phénomène.
Le CPME entend diverses voix à travers les organisations de médecins européennes affiliées qui montrent que les médecins, les établissements de santé et les organisations médicales sont entravés dans l'exercice de leur travail. Par exemple, les médecins subissent des pressions de la part de leur gouvernement pour qu'ils fournissent les noms de leurs patients, par exemple ceux de migrants sans papiers ou de manifestants.
Représailles
Les organisations de médecins sont parfois confrontées à des représailles si elles dénoncent la politique de leur gouvernement, pouvant aller jusqu'à l'emprisonnement des médecins. À titre d'exemple récent, on cite la condamnation d'un éminent médecin turc, que le CPME qualifie de « grave erreur judiciaire ». Il s’agit du médecin légiste de renommée internationale Prof. Şebnem Korur Fincancı, qui a été condamné à une peine de prison de 2 ans, 8 mois et 15 jours lors d'un procès à Istanbul au début de cette année. La raison en était que le médecin avait insisté pour qu'une « enquête indépendante » soit menée sur l'utilisation d'armes chimiques.
Les organisations médicales de certains pays sont également limitées par l’interdiction des actions collectives, telles que les actions revendicatives. Et l’indépendance des établissements médicaux est mise sous pression en raison de la montée en puissance d’investisseurs commerciaux sans formation médicale qui reprennent les établissements. Selon le CPME, ils limitent les médecins dans leur travail clinique afin de réaliser le plus de profit possible.
Le président du CPME, Christiaan Keijzer, souligne que l'autonomie clinique est importante pour que les médecins puissent donner la priorité aux intérêts de leurs patients. La vice-présidente Jacqueline Rossant-Lumbroso l'exprime ainsi : « Nous pensons que l'indépendance de la profession médicale renforce la démocratie. En tant que profession, nous devons travailler ensemble pour identifier et contrer les menaces afin de garantir les meilleurs soins possibles aux patients.»