La concentration des soins complexes et spécialisés dans des centres de référence figure parmi les priorités. Dans son masterplan pour le Groupement belge des spécialistes, Stan Politis, élu à la présidence du GBS ce samedi 20 avril, met en balance les avantages de la centralisation et ses inconvénients. Si les autorités dirigent la centralisation des soins, il est préférable que cela se fasse avec parcimonie et toujours sur la base de preuves scientifiques.
La concentration des soins peut se faire de deux manières : soit par une évolution naturelle, soit par l’intervention étatique. Dans le premier cas, la centralisation est un processus naturel résultant du développement des connaissances et des technologies médicales. Ce processus s'accompagne également de l'émergence de spécialisations, de sous-spécialisations et d'hyperspécialisations.
Les fusions d'hôpitaux peuvent conduire à des associations de médecins plus importantes qui facilitent les sous-spécialisations. Les réseaux hospitaliers peuvent également être une motivation pour concentrer la pathologie spécialisée, même si le financement des hôpitaux - qui ne suit pas la tendance à la mise en réseau - est encore trop souvent un obstacle. En raison de leurs relations étroites avec les spécialistes médicaux, le gouvernement et toutes sortes de centres de connaissances, les universités sont de facto des meneurs de jeu et des régulateurs dans cette histoire.
Parallèlement à cette évolution naturelle, la centralisation s'opère de plus en plus par l'intervention des autorités. Souvent en réaction à la pression sociale exercée par les associations de patients, les mutualités ou le KCE. Alors que la concentration naturelle des soins émane principalement des médecins eux-mêmes, lorsqu'elles imposent la centralisation, les autorités visent en premier lieu les hôpitaux, qui doivent répondre à de nombreux critères, et pas tellement les médecins qui y travaillent.
La tendance à une spécialisation et une centralisation accrues présente bien sûr des avantages manifestes. Mais le gouvernement ignore trop facilement les inconvénients et les ‘dommages collatéraux’ d'une centralisation imposée. Dans la pratique, les mesures sont souvent trop rigides et difficiles à adapter. Des autorités avisées devraient calculer ces conséquences à l'avance.
Le message est donc d'utiliser les mécanismes avec parcimonie. Toute incitation à l’overshooting doit être évitée. Les mesures de centralisation ne sont appropriées que si elles sont fondées sur des preuves scientifiques. Les médecins ne doivent pas être les seuls à devoir agir de manière ‘evidence based’. Les politiques gouvernementales devraient partir du même principe.
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Derniers commentaires
Donald Vermer
26 avril 2024Il ne faut pas suivre une centralisation selon le KCE mais selon la pratique médicale de terrain
Dr Vermer
Donald Vermer
22 avril 2024Il faut distinguer effectivement centralisation selon le KCE ou selon les médecins eux-mêmes de part la qualité des soins que ces derniers recherchent (et leur conscience professionnelle)
Pour le médecin, l'enjeu est de préserver la qualité médicale et la disponibilité aux patients
Dr Donald Vermer