Le CIUM (Comité Inter Universitaire des étudiants en médecine) a analysé l’impact du confinement sur les étudiants en médecine et sur les examens à venir: «ces derniers craignent des défaillances du système et une difficulté plus importante des examens et de l'évaluation». En exclusivité pour Medi-Sphere et Le Spécialiste , Basil Selam nous commente les résultats.
Depuis le début de l’épidémie du Coronavirus, les étudiants en médecine, comme les autres, ont vu leur cours se tenir à distance. Pour eux, la situation était toutefois particulière puisqu’un certain nombre sont intervenus au coeur du dispositif hospitalier comme l’explique Basil Sellam, Président du CIUM: «les étudiants en stage ont apporté leur aide pour limiter la propagation en milieu hospitalier et gérer un afflux très important de patients. D’autres se sont portés volontaires et ils ont tous été surpris par le manque de sécurité. En stage 62% des étudiants n’ont pas reçu le matériel de protection (masques, gants...) adéquat. Cela concernait aussi 48% des volontaires.»
L’impact du COVID-19 sur l’apprentissage
Ces chiffres sont tirés de l’enquête du CIUM (Comité Inter Universitaire des étudiants en médecine) auprès de 945 étudiants des cinq facultés wallonnes (UCL, ULB, ULG, UMONS, UNAMUR) entre le 16 et le 18 avril 2020 sur l’impact du confinement sur les étudiants en médecine. «Le moment est en effet venu pour les étudiants de passer leur examen et ce confinement provoque un stress multiple chez eux parce que l’organisation générale des stages (annulation, reports, rattrapages) a été bousculée. Leur crainte concerne aussi l’incertitude concernant le maintien ou non des stages en juin, juillet en août et le manque d’expérience et de cas cliniques nécessaires pour l’accession à la spécialisation qu’ils souhaitent.» ajoute Basil Sellam, Président du CIUM.
Un arrêt de l’apprentissage
Les chiffres sont éloquents: 25% des étudiants étaient en stage au moment du confinement et 85% d’entre eux n’ont pas pu le poursuivre. 36% dénoncent un manque de pratique pour leur compétences de futurs médecins suite l’annulation des stages....surtout que la totalité des rendez-vous non prioritaires ont été supprimés. «Même ceux qui ce sont portés volontaires craignent que cet acte positif se retourne contre eux et que cela ne soit pas pris en compte lors des délibérations des examens...d’autant plus que parfois ils ont dû se contenter d’accomplir des tâches de logistique, administratives, et de désinfection de matériel et que les médecins surchargés avaient moins le temps de s’occuper du feed-back de leur apprentissage.» précise Basil Sellam.
Examen: le mauvais état psychologique
L’heure est à présent aux examens et les étudiants en médecin y arrivent particulièrement stressés: «Leur situation est très compliquée et la fracture numérique est bien réelle puisque plus de 27% estiment ne pas disposer du matériel nécessaire (ordinateur, bonne connexion internet...) pour passer un examen à distance et la même proportion estime ne pas être dans un état psychologique adéquat pour passer des examens à distance».
Le Cium relève que dans les centaines de témoignages reçus, beaucoup d'étudiants faisaient part de leur stress ou de leur tristesse. "Certains se sont retrouvés en dépression, en burn-out" et des tentatives de suicide ont été évoquées. "Des étudiants se sont brusquement retrouvés confrontés à la solitude, à l'isolement, à la maladie, au deuil. Ces éléments n'ont pas été suffisamment pris en compte", dénonce le Cium, qui souligne que les décisions prises ont un impact très important sur la santé et en particulier la santé mentale.
Ce constat est renforcé par le fait que «plus de 85% des étudiants trouvent que l’information de l’université à propos des examens n’est pas claire.» Ils sont 84% «à craindre que les examens à distance puissent porter préjudice à leurs résultats ou à l'accès à la spécialité choisie lorsqu’ils sont en fin de cursus.»
Les principales inquiétudes se situent principalement dans la lenteur ou les pannes de réseau, coupure de wifi, mauvaises connexions, bugs informatiques, non enregistrement des réponses données…
Quel type d’examen?
72% des étudiants préfèreraient «un examen QCM, QO, QROC en ligne sans limite de temps pour chaque question (possibilité de revoir les questions durant l'examen). Pour Basil Sellam, «il est essentiel que l’étudiant puisse revenir sur une question comme c’est le cas aujourd’hui. Un exemple, près d’un étudiant sur cinq (18%) ressent de l’inquiétude par rapport à l’impossibilité d’opérer une relecture des questions. On pourrait imaginer un examen à blanc pour tester le système.»
Une autre cotation
L’une des autres grandes craintes des étudiants est que le choix de la méthode d’évaluation ne puisse pas refléter les connaissances que les étudiants ont acquises: «15% des étudiants sont convaincus de la possibilité de tricher lors des évaluations. Ils demandent donc une réflexion sur la manière dont la cotation finale sera définie.»
Pour Basil Sellam des solutions existent: «Nous proposons que la cotation des examens soit juste une mention réussite ou échec, bien que ce système ne soit pas parfait. Par ailleurs, pour une partie de la cotation, les résultats des stages et des travaux de fin d’étude pourraient être valorisés.»
Le Comité interuniversitaire demande aussi que la matière d'examens soit allégée aux acquis "principaux et essentiels" et plaide pour une indulgence de la part des enseignants. Il exige que du matériel soit fourni par l'université à tout étudiant qui ne dispose pas de l'équipement nécessaire et/ou ne se trouve pas dans un environnement propice aux évaluations.
Enfin, certains craignent de ne pas avoir de vacances à cause des reports de stages et d’examens durant les vacances scolaires...