Agressions et vols dans les lieux de santé : les nouveaux chiffres de la police

Alors que sur le terrain, les professionnels de santé expriment une montée de l’agressivité des patients ou des proches à leur encontre, les derniers chiffres de la police fédérale confirment cette situation.

Même si la chute des vols et des extorsions est nette en 10 ans (notamment grâce à toutes les mesures de prévention prises dans les hôpitaux ces dernières années), une légère remontée est constatée. Les données de la police le montrent. Évidemment, on est loin des 3 218 vols dans les hôpitaux en 2014, mais la tendance est à nouveau à la hausse : en 2021 (1 109 vols), en 2022 (1 181 vols), en 2023 (1 325 vols).

Même constat en maison de repos où l’on passe de 857 (2020) à 960 (2021), et ces deux dernières années à 1 039 (2022) et 1 020 (2023).

Deux infractions à l’intégrité physique par jour à l’hôpital

Le corps médical continue aussi à subir ce que la police appelle des « infractions contre l’intégrité physique ». Dans les hôpitaux, ces 4 dernières années, la progression est réelle : 545 (2020), 606 (2021), 740 (2022), 745 (2023), et le constat est le même en maison de repos : 171 (2020), 185 (2021), 262 (2022), 323 (2023).

Tous les hôpitaux sont aujourd’hui équipés de caméras et d’équipes d’agents de gardiennage à travers le pays. Par exemple, pour tous les sites du groupe HUmani à Charleroi, ce sont pas moins de 500 caméras et des agents de gardiennage qui peuvent compter sur une pièce spécialement équipée pour visionner les images de surveillance. La sécurité des patients et du personnel est pleinement assurée.

À deux pas de là, au GHdC (Grand hôpital de Charleroi), l’équipe de gardiennage compte près de 40 équivalents (avant le début prochain du déménagement) et veille notamment sur des écrans provenant des caméras de surveillance de 5 sites hospitaliers. Par exemple, pour la sécurité des parkings des hôpitaux, les agents ont le droit d’intercepter une personne si elle est prise en flagrant délit et de la remettre à la police en fournissant les images des caméras de surveillance. À noter que ces agents peuvent aussi réaliser de la prévention en alertant le personnel quand une fenêtre est restée ouverte.

Voici quelques années, le CHU de Liège avait, lui aussi, investi dans de nouvelles tables de chevet avec un tiroir à verrouiller par un code de sécurité pour les patients.

Deux vols par jour dans les cabinets de médecins généralistes et les pharmacies

Alors que pendant les vacances, une vague de vols a été constatée dans les cabinets de médecins généralistes en Flandre, la sécurité reste toujours une question importante pour ces praticiens de première ligne. Les derniers chiffres de la police fédérale sont clairs sur le sujet : les vols et extorsions dans les cabinets (médecin/dentiste/pharmacie) sont toujours de plus de 2 par jour. En effet, alors que la tendance était de plus de 1 000 voici quelques années, ils sont, pour les dernières années, respectivement 785 en 2021, 731 en 2022 et 734 en 2023.

Ces cabinets et officines (médecin/dentiste/pharmacien) font également l’objet de dégradations de la propriété. Là aussi, on atteint actuellement une certaine stabilisation avec près d’une dégradation et demie toutes les semaines. On est passé de 95 en 2021 à 82 en 2022 et 82 en 2023.

Enfin, au niveau des infractions contre l’intégrité, on constate aussi un acte par semaine en moyenne dans les cabinets et officines (médecin/dentiste/pharmacien). On est passé de 59 en 2021 à 54 en 2022, puis à 54 en 2023.

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Derniers commentaires

  • Francois Planchon

    22 octobre 2024

    Ces statistiques sont biaisées, car, par lassitude, les praticiens et institutions ne perdent plus de temps à porter plainte !

    La demi-heure (au minimum...) passée à rédiger une plainte, que ce soit sur place ou dans un commissariat est un temps perdu pour les soins, qui ne sera facturé à personne... et qui s'ajoute au temps passé à gérer l'agressivité et ses conséquences !
    Si des patients attendent, difficile de leur demander d'attendre une demi-heure de plus...

    Pourtant, sur le long terme, porter systématiquement plainte peut être rentable, pour autant que la police et la justice assurent un suivi... et c'est aussi là qu'il y a un gros manquement à pointer du doigt..

    Devra-t-on en arriver à mettre en commun une liste noire des personnes à qui tout accès aux lieux de soins serait refusé ?
    On a d'un côté la déontologie, mais d'un autre aucun soignant n'est pas payés pour se faire injurié ou agresser (sauf en psychiatrie lourde) : à partir de quelle limite le refus de recevoir une personne est-il admissible ?
    Tout le monde y pense, mais personne n'ose poser le débat en ces termes, de peur d'être pointé du doigt...
    Il faudra pourtant bien un jour aborder le sujet : une personne violente s'exclu elle-même, ce n'est pas le système qui l'exclu...
    Et quelle attitude adopter quand c'est l'entourage qui est violent et pas la personne ?

    On parle beaucoup de budgets dépassés... mais le coût du gardiennage et de la protection explose... et on voudrait diminuer l'addition : c'est incompatible !