Les autorités de santé et politiques ont dissimulé la vérité autour du vaste scandale de sang contaminé qui a fait près de 3.000 morts au Royaume-Uni entre les années 1970 et 1990, a conclu lundi une enquête publique après sept ans de travaux.
Ce scandale, qui a vu des milliers de personnes contaminées par le virus de l'hépatite C et le VIH après avoir reçu des transfusions sanguines, "aurait pu être largement évité", affirme, dans son rapport, l'ancien juge Brian Langstaff, qui a présidé l'enquête.
"L'ampleur de ce qui s'est produit est horrifiante", décrit-il dans ce document de plus de 2.500 pages qui a passé par le menu des milliers de témoignages et des dizaines de milliers de documents prouvant que "la vérité a été dissimulée pendant des décennies".
Brian Langstaff pointe surtout la responsabilité des gouvernements successifs pour avoir tardé à agir lorsque le scandale a émergé, et pour avoir assuré indument à plusieurs reprises que les patients avaient reçu les meilleurs traitements.
Entre les années 1970 et le début des années 1990, plus de 30.000 personnes souffrant d'hémophilie ou ayant subi des opérations chirurgicales ont été contaminées par le virus de l'hépatite C et le HIV après avoir reçu des transfusions sanguines, via des lots de sang essentiellement en provenance des Etats-Unis.
En 2017, le gouvernement britannique, alors dirigé par Theresa May, avait décidé d'ouvrir cette enquête publique pour faire la lumière sur ce drame, désigné comme "la pire catastrophe médicale" dans l'histoire du service public de santé, le NHS.
En 2022, un rapport d'étape avait déjà appelé les autorités à verser des dédommagements immédiats aux victimes, sans attendre la fin des investigations. Le gouvernement avait annoncé dans la foulée un premier versement de 100.000 livres (119.000 euros) à plusieurs milliers de personnes. Le coût final des indemnisations devrait atteindre plusieurs milliards de livres.
Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a présenté lundi des excuses officielles. "Je veux présenter des excuses de tout coeur et sans équivoque pour cette terrible injustice", a déclaré devant le Parlement le chef du gouvernement, après la publication de l'enquête publique.
Evoquant un "jour de honte" pour l'Etat britannique, Rishi Sunak a souligné que son gouvernement dévoilerait mardi un programme d'indemnisation face à ce qui est considéré comme "la pire catastrophe médicale" de l'histoire du système public de santé britannique, le NHS. "Quel que soit le coût pour mettre en oeuvre ce dispositif, nous paierons", a-t-il assuré, promettant une "indemnisation complète".