"Le squat de la rue des Palais, ce n'est que la partie visible de l'iceberg." C'est en ces termes que le Samusocial, dispositif d'urgence sociale à Bruxelles, résume mardi une situation où sans-abrisme et crise de l'accueil s'entremêlent et s'accumulent, laissant des milliers de personnes à la rue. En huit mois, le Samusocial et le Projet Lama sont intervenus, via le dispositif "Cover", dans 13 occupations précaires où vivent entre 1.500 et 2.000 personnes, "sans compter la multitude d'autres petits squats".
Après l'évacuation mi-février du "Palais des droits", cet immense squat à Schaerbeek occupé par des centaines de personnes, a suivi celle, partielle, du campemen t de fortune qui a fleuri sur le quai des Charbonnages, où se sont rassemblés des ex-occupants de ce "palais" qui n'en a que le nom, faute de prise en charge par l'agence fédérale pour l'accueil des demandeurs d'asile (Fedasil). Malgré le départ de 140 personnes vers une structure d'accueil temporaire à Anderlecht, le camp ne semble pas désemplir, de nouvelles personnes sans domicile le rejoignant au jour le jour.
Un squat en chasse donc un autre mais une question persiste : qui sont leurs occupants? "On ne peut pas qualifier précisément le public sans abri, qui est invisible par essence et très fluctuant", répond Christophe Thielens, chargé de communication au Samusocial. Certaines personnes, SDF ou émigrées, s'extirpent parfois de la rue "en allant dormir une nuit chez des connaissances, une autre dans un hôtel bon marché", illustre-t-il.
En 2020, un décompte du service de coordination d'aide d'urgence Bruss'help relevait plus de 5.000 personnes sans-abri "visibles", soit un calcul basé sur le recensement d'une nuit par des bénévoles mobiles et dans les centres d'accueil, explique M. Thielens.
"Le défi est immense quand on voit le nombre croissant d'occupations d'immeubles, souvent dans des conditions d'hygiène qui présentent un risque immédiat pour la santé des personnes qui y vivent", souligne le directeur général du Samusocial, Sébastien Roy, alors que 90% des personnes accompagnées par Cover (pour "Coordination, Veille sanitaire et Réduction des risques") présentent des problèmes d'assuétude et de santé mentale.
L'hygiène est également au centre des préoccupations : neuf squats visités par Cover depuis juillet dernier étaient confrontés aux punaises de lit et à la gale, tandis que 70 mineurs étrangers non accompagnés (Mena) ont dû être traités pour cette affection cutanée.
Seules des mesures structurelles fédérales permettront de faire face à ce problème grandissant, conclut le Samusocial.