Les sages-femmes appelées à se déconventionner

Comme l'an dernier, l'Union professionnelle des sages-femmes belges (UPSFB) ne signera pas la convention fixant les tarifs des sages-femmes et va la dénoncer, indique mardi sa présidente, Murielle Conradt, à Belga. "Trop, c'est trop! Le secteur est en train de mourir", déplore-t-elle.

"L'an dernier, nous avions déjà été ignorées dans le budget (des soins de santé, NDLR)" et l'UPSFB n'avait dès lors pas signé la convention de l'Inami. Lorsqu'une sage-femme est conventionnée, elle doit se plier aux tarifs fixés et ses patientes ont droit au remboursement total de ses prestations. Dans le cas contraire, la sage-femme peut fixer le prix qu'elle estime juste et sa patiente n'a ura droit à un remboursement qu'à hauteur de 75%, et non plus de 100%.

"Déconventionner, c'est faire payer les patientes, ce qui n'est pas du tout dans nos habitudes de fonctionnement, mais là, on ne peut plus", confie Murielle Conradt. "L'air de rien, on doit pouvoir manger, faire vivre nos familles", s'exclame-t-elle. La présidente cite une étude de l'Inami, selon laquelle une sage-femme indépendante complète et conventionnée gagne 25.000 euros brut par an. "Si on ne revalorise pas la profession, ça ne va plus."

"C'est dommage, car on se dirige vers une médecine à deux vitesses, mais on n'a pas le choix. Le gouvernement ne nous laisse pas le choix", estime la présidente de l'UPSFB, selon laquelle "beaucoup de sages-femmes arrêtent leur travail, ne veulent plus travailler, car elles ne savent plus en vivre".

Ce que l'union professionnelle réclame, et ce, au nom de toutes les sages-femmes (indépendantes ou hospitalières), c'est une revalorisation de la profession. "Ce n'est pas qu'une question de chiffres", explique Mme Conradt. "On veut par exemple une refonte de notre nomenclature. Une sage-femme ne peut tarifer qu'une seule personne alors qu'elle s'occupe de la mère, du nourrisson, parfois de jumeaux, voire de triplés. Alors que d'autres (soignants) tarifie chaque personne supplémentaire", illustre-t-elle.

L'an dernier, les sages-femmes avaient déjà fait part le leur mécontentement et avaient rencontré le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke. "On a eu des promesses, mais aucune n'a été tenue."

"Maintenant, nous devons être prises au sérieux", prévient l'UPSFB.

Outre le déconventionnement, l'union professionnelle appelle aussi à participer à la manifestation nationale du secteur du non marchand, prévue le 7 novembre.

L'Union flamande des sages-femmes (Vlaamse Beroepsorganisatie van Vroedvrouwen, VBOV) envisage également un déconventionnement massif. Son assemblée générale devra se prononcer sur la question le 26 octobre.

L'organisation flamande avait bien signé la convention l'an dernier, mais cette année, elle se dit "indignée par les petits jeux politiques". Lundi, le Conseil général de l'Inami ne s'est pas prononcé sur la proposition globale de budget des soins de santé pour 2025, car les représentants du gouvernement n'étaient pas unanimes pour dire "oui", ce qui est indispensable.

"Cette absence de décision est sans précédent et incompréhensible, ses conséquences risquent d'être considérables", s'alarme le VBOV. L'organisation s'inquiète de l'avenir du secteur, surtout en première ligne. L'indexation prévue des tarifs de toutes les professions des soins de santé, dont les sages-femmes, est menacée si le gouvernement ne parvient pas rapidement à un accord, s'inquiète l'union flamande.

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