À l’occasion de la Journée Mondiale du deuil périnatal, le Pôle Mère-Enfant de l’hôpital Delta a inauguré mardi le Jardin des Etoiles. Une première en Belgique.
Le deuil périnatal désigne la mort d’un enfant in utero, lors de l’accouchement ou lors des premières semaines de vie en néonatologie. À la douleur du traumatisme, s’ajoute le fait qu’aucune trace légale n’est actuellement prévue par la loi belge, notamment lorsque la mort fœtale survient en-dessous de 180 jours de grossesse. Ce pourquoi l’hôpital Delta a décidé de créer un jardin de recueillement, dénommé « le Jardin des Etoiles », un endroit de recueillement où les familles peuvent faire leur deuil et y retrouver la trace de cette perte. À côté de l’existence de ce nouveau lieu, une série d’aides sont proposées en parallèle par le personnel soignant de Delta afin de soutenir le couple et la famille face à ce remous émotionnel.
Une véritable souffrance
La mort d’un nouveau-né est un événement douloureux qui demande un encadrement adéquat de la famille, surtout lorsque des femmes enceintes se rendent en service maternité pour accoucher d’un enfant mort ou présentant des malformations graves. De nombreuses études récentes de psychiatres et psycha- nalystes ont montré l’importance d’une prise en charge adaptée. Avec la famille, les équipes soignante, médicale et paramédicale jouent un rôle central d’accompagnement face au deuil. Il permet de réduire le risque notamment d’apparition de troubles tels que la dépression du post-partum. Cette épreuve douloureuse a ainsi fait l’objet d’une profonde réflexion qui a amené à la création du Jardin des Etoiles.
Le Dr Dominique Grossman, néonatologue et chef pôle du Mère-Enfant à Delta, souligne également l’im- portance du travail accompli en équipe. Un groupe de travail multidisciplinaire a ainsi été créé réunissant néonatologues, soignants et psychologues autour du deuil à l’hôpital. « En effet, lorsqu’un parent perd un enfant, se safisfaire du discours : « Tu en referas un autre... » n’a pas lieu d’être... Nous savons aujourd’hui qu’il s’agit d’une véritable souffrance. » insiste la néonatologue.
Des formations, un accompagnement, des aides, un lieu de recueillement
Des formations d’équipe (néonatalogie, pédiatrie, maternité) ont été mises en place. Mme Rita De Bock, sage-femme en chef et responsable des accouchements à Delta, y expose la prise en charge en salle de naissances. Dans cette démarche, c’est évidemment le bien-être du patient qui prime. « Chaque situafion réclame la plus grande attenfion. Lorsque l’on atteint la 24-25ème semaine, nous esfimons que l’on peut donner la chance aux bébés. Mais quand le pronosfique au niveau neurologique ou d’insuffisance respira- toire devient trop mauvais, nous lui permettons de parfir dans de bonnes condifions. Les parents peuvent prendre l’enfant dans leur bras. », explique que le Dr Grossman.
Lorsque le décès est « prévisible », un accompagnement est mis en place très tôt. « La priorité est évidem- ment l’accueil des parents. Nous proposons des rencontres entre les parents et la sage-femme. Quand les parents arrivent à l’hôpital, on les voit pendant une heure et on leur explique comment la journée va se passer. Pour chaque décès, nous proposons aux parents de garder en souvenir des photos, les empreintes de leur enfant, une mèche dédiée à l’enfant. Nous les plaçons dans un pefit carnet en lin. Dans celui-ci, est également rangé un pefit livret visant à aider les parents à passer ce cap difficile dans les meilleures condi- fions. Un groupe de parole autour du deuil est également mis en place pour soutenir les parents dans la durée », explique le Dr B. Sepulchre, néonatologue à Delta. La philosophie du projet est essentielle pour le Dr Grossman : « On propose, on n’impose pas. » « Parfois, l’aide d’un psychologue est refusée par les parents parce que cela rouvre d’autres plaies », ajoute Rita De Bock. « Nous proposons également une assistance sociale qui aide les parents notamment dans toutes les démarches administrafives. »
Le Jardin des Etoiles, ses symboles et les urnes
Autour du décès, les parents ont la possibilité de se rendre dans le Jardin des Etoiles aux abords de l’hôpital pour y déposer un petit médaillon qu’ils auront gravé en souvenir de leur enfant dans une des quatre urnes prévues à cet effet.