Pour le Conseil supérieur de la Santé, relever l'âge maximal du premier don de sang - aujourd'hui fixé à 65 ans accomplis - n'est pas souhaitable. Dans un avis rendu mercredi, il recommande même de ne plus encourager le don de sang des plus de 66 ans, qu'ils soient primo-donneurs ou qu'ils l'aient fait toute leur vie.
C'est à la demande du ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke, que le CSS s'est penché sur la question. Depuis 2019, il n'y a plus d'âge maximal pour donner son sang, il était avant ça fixé à 71 ans. Outre un avis du médecin, l'une des conditions pour donner son sang au-delà de 65 ans accomplis est de l'avoir fait au cours des trois dernières années. Pour le Conseil supérieur de la Santé, il ne faut pas revoir cette règle et autoriser les personnes de plus de 65 ans révolus à donner leur sang pour la première fois, bien que le pays soit régulièrement confronté à des pénuries de poches.
Le Conseil estime même qu'il serait préférable que les personnes de plus de 65 ans révolus ne donnent plus leur sang du tout, quand bien même elles l'auraient fait régulièrement au cours de leur existence.
L'âge avancé du donneur augmente les risques pour lui-même (réactions modérées à graves comme syncopes ou convulsions sont plus fréquentes) mais aussi pour le receveur, argumente le CSS. "De toute évidence, la survenue d'éventuels problèmes de santé chez les receveurs de sang provenant de donneurs séniors réguliers devrait être mieux documentée en Belgique", des études sont d'ailleurs en cours, "mais on sait par contre que le nombre de personnes touchées par" des maladies de type dégénératives "augmente rapidement entre 65 et 70 ans". Le CSS ajoute en outre que la qualité fonctionnelle des globules rouges, p laquettes et/ou globules blancs peut être altérée à partir d'un certain âge.
"La sécurité de la chaîne transfusionnelle doit en tout état de cause rester la priorité absolue", conclut le Conseil. Il recommande dès lors la prudence dans le relèvement de l'âge maximal pour le don de sang et "est davantage favorable à un déploiement plus large et plus intense des campagnes de recrutement encourageant la population dans son ensemble et dans sa diversité à donner du sang".
Concrètement, le professeur Véronique Deneys (UCL) estime que pour faire face aux pénuries de poches sanguines, il existe d'autres options que d'augmenter les dons de sang chez les personnes âgées. Elle relève qu'en moyenne, les donneurs réguliers donnent leur sang une à deux fois par an, alors qu'ils peuvent le faire jusqu'à quatre fois. Augmenter la fréquence des dons est donc une piste de travail, tout comme l'enseignement du don dès le plus jeune âge. Sensibiliser les jeunes de l'enseignement secondaire aux transfusions permettrait de recruter de nouveaux donneurs pour une longue période. Enfin, elle note qu'en période de pénuries, le problème est plus souvent lié &a grave; l'orientation (manque de rhésus négatif par exemple) qu'à la quantité.