Le coût méconnu du reflux laryngopharyngé pour la sécurité sociale belge (Etude)

Le sous-diagnostic du reflux laryngopharyngé (RLP) engendre des coûts annuels considérables pour la sécurité sociale belge, selon une étude menée par le Dr Jérôme Lechien. Avec des dépenses estimées entre 359 millions et 1 milliard d'euros, la formation des médecins à cette pathologie méconnue devient une priorité.

Une étude récente dirigée par le Dr Jérôme Lechien du Centre Hospitalier EpiCURA, en collaboration avec l'Université de Mons et l'École de Santé Publique de l'Université Libre de Bruxelles (ULB), a mis en lumière un problème médical peu connu mais aux conséquences financières importantes : le reflux laryngopharyngé (RLP). Cette pathologie, souvent confondue avec le reflux gastroesophagien (RGO), a des implications pour la sécurité sociale belge, avec des coûts annuels estimés entre 359 millions et 1 milliard d’euros.

Le reflux laryngopharyngé, une maladie mal connue

Le reflux laryngopharyngé (RLP) est une variante moins connue du reflux gastroesophagien (RGO), une maladie qui affecte 20 à 30 % de la population mondiale. Alors que le RGO est bien documenté et reconnu, le RLP reste largement sous-diagnostiqué en raison de ses symptômes atypiques. Contrairement au RGO, les patients atteints de RLP ne souffrent généralement pas de brûlures d’estomac, ce qui rend plus difficile sa reconnaissance par les médecins.

En raison de cette méconnaissance, les traitements standards, comme les inhibiteurs de la pompe à protons, souvent efficaces contre le RGO, s'avèrent inappropriés pour traiter le RLP. Cela conduit à une errance médicale pour les patients, qui passent par une multitude d'examens complémentaires inutiles et coûteux avant d'obtenir un diagnostic précis.

Un impact financier majeur

L'étude menée par le Dr Lechien met en lumière les conséquences financières du sous-diagnostic du RLP. Le coût moyen pour la sécurité sociale s'élève à environ 310 € par patient, sans compter un ticket modérateur supplémentaire de 54 € à la charge du patient lui-même. En extrapolant ces chiffres à l'échelle de la population belge, le coût annuel pour la sécurité sociale est compris entre 359 millions et 1 milliard d’euros.

La nécessité de former les médecins

L'une des conclusions majeures de l'étude est la nécessité urgente d’améliorer la formation des médecins sur le RLP et de développer des outils cliniques pour faciliter sa détection et son traitement.. En effet, une meilleure compréhension de cette pathologie permettrait non seulement de réduire le temps de diagnostic, mais aussi de diminuer le recours à des examens et traitements coûteux.

Cette étude, première du genre en Europe, alerte également sur l’augmentation de la prévalence du RLP. En effet, le mode de vie moderne, caractérisé par le stress, l'anxiété et des habitudes alimentaires peu saines, contribue à la hausse du nombre de cas. En l'absence de prise en charge adaptée, cette tendance risque de peser encore davantage sur le système de santé belge dans les années à venir.

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Derniers commentaires

  • Patrick Guérisse

    20 septembre 2024

    Il aurait été judicieux de profiter de cette information pour expliquer les symptômes du reflux laryngo-paharyngé : en bref, il s'agirait davantage d'un reflux gazeux qui occasionne toux sèche, voix rauque, des sensations détouffement associées à une aphonie en postion debout (contrairement au RGO) et comme symptôme le plus alarmant une dyspnée paroxystique consécutive à un spasme laryngé.
    La pH-métrie (beaucoup trop peu utilisée) permet de retrouver une association temporelle entre les épisodes de reflux acide et les épisodes d'étouffement.
    Les IPP seraient d'une certaine utilité thérapeutique.