Les hôpitaux sont en mal d’infirmières, c’est bien connu et cela complique leur fonctionnement. Mais la première ligne n’est pas tout-à-fait indemne des conséquences de cette situation. Patients en attente, sortie plus précoce de l’hôpital, suivi post-hospitalier s’en ressentent. Le fond du problème est dans la valorisation du métier d’infirmière.
« On estime qu’à cause du manque d’infirmières, 5 à 10% des lits hospitaliers sont fermés » rapporte le Dr Luc Herry (ABSyM). Cela entrave le fonctionnement des hôpitaux, non seulement sur le plan médical mais aussi sur le plan financier », explique-t-il, « avec des conséquences aussi sur la première ligne de soins. » A cause des lits fermés, des soins sont reportés car on hospitalise moins facilement les patients qui devraient l’être. Cela sans compter que ceux qui ont pu admis et traités sortent plus rapidement. Le généraliste et le spécialiste de ville doivent alors « faire avec » et s’occuper entretemps des patients en attente, tout comme suivre plus précocement ceux qui viennent de quitter l’hôpital.
L’activité hospitalière réduite engendre aussi pour les hôpitaux une diminution des rentrées, puisque la masse des honoraires médicaux s’en trouve diminuée. Les charges globales des institutions sont pourtant constantes, à l’exception peut-être des salaires liés aux postes infirmiers restés vacants. Ce n’est pas anodin si on se souvient que les hôpitaux sont dans le rouge. Et même au niveau des infirmiers indépendants, qui assument les soins en coordination avec le généraliste, on commence progressivement à le ressentir en première ligne. C’est moins marqué que dans les hôpitaux car les indépendants s’organisent plus facilement entre eux. Cela compense quelque peu la lourdeur des tâches, par exemple en répartissant mieux les gardes. La pénurie se fait aussi sentir dans le secteur des maisons de repos, qui doivent répondre à des normes pour garder leur agréation. On y assiste dès lors à une véritable « chasse aux professionnels » avec des propositions de plus en plus alléchantes. C’est bien là une des clés majeures du problème, qui n’est pas nouveau et s’est accentué avec la crise sanitaire du COVID. « Le déséquilibre entre la charge de travail, d’une part, en particulier au niveau des horaires, et la rémunération d’autre part, ne satisfait plus les jeunes. Le salaire n’est pas adapté aux prestations », fait remarquer Luc Herry.
L’ABSyM, rappelle Luc Herry, attache de l’importance à une revalorisation du salaire des infirmiers. Elle se demande aussi ce qu’il en sera avec les futurs assistants infirmiers : des jeunes vont-ils s’engager dans cette voie ? Ne risque-t-on pas une baisse de la qualité des soins, même si les assistants seront supervisés par des bacheliers ? Autre question : l’attractivité n’a-t-elle pas été érodée par un autre facteur que le rapport prestations-rémunération, à savoir l’allongement des études ? « Nos infirmiers étaient bien formés en trois ans et leur qualité professionnelle était reconnue à l’étranger. La décision de passer à quatre ans était une décision européenne, mais était-elle judicieuse ? On n’a sans doute pas imaginé qu’en allongeant les études, les candidats seraient moins nombreux à s’inscrire dans cette filière de formation » conclut le Dr Herry.
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Derniers commentaires
Francois Planchon
14 mai 2023Rien n'empêche de rémunérer les "stages" infirmiers de 4ème année, de manière à leur permettre de ne plus dépendre d'un financement extérieur des études... Cela compenserait l'allongement à 4 ans...
Par ailleurs, quand il y a pénurie, il serait logique d'augmenter les salaires...
Cela se pratique dans toutes les professions qualifiées, sauf pour les infirmières ?
Le Luxembourg et la Suisse, qui offrent des salaires beaucoup plus élevés, drainent nos étudiants !
Il faudrait également penser à aménager une passerelle viable (càd sans devoir arrêter son travail) A2 vers A1, pour les infirmiers A2 en fonction... Cela augmenterait également l'attractivité de la filière !
Va-t-on rester à la traîne encore longtemps ?
Pour suggestions...