La Journée mondiale sans tabac sera célébrée vendredi par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Si la diminution du nombre de fumeurs de tabac est avérée, la consommation de cigarettes électroniques continue de se répandre, notamment chez les jeunes. Cette alternative, si elle peut "aider à réduire la consommation de tabac, n'est pas la bonne si l'on souhaite arrêter de fumer", selon le tabacologue et psychologue Martial Bodo.
Le nombre de décès liés au tabagisme s'élève à environ huit millions chaque année, dont au moins 15.000 en Belgique. L'espérance de vie des fumeurs est par ailleurs inférieure d'au moins 10 ans à cel le des non-fumeurs.
Quelque 1,25 milliard d'adultes dans le monde consomment du tabac, mais les tendances montrent que les taux de tabagisme continuent de baisser au niveau mondial, selon un rapport publié par l'OMS en janvier dernier. "Environ un adulte sur cinq consommait du tabac en 2022 à travers le monde, contre un sur trois en 2000."
En revanche, la consommation de cigarettes électroniques ne cesse de s'amplifier. Cette "pandémie" était dénoncée en 2023 par l'OMS, qui soulignait une tendance "particulièrement marquée chez les adolescents du monde entier" et mettait en garde contre les dangers de cette alternative à la cigarette classique.
"Bien que les effets à long terme sur la santé ne soient pas entièrement compris, il a été établi que les cigarettes électroniques génèrent des substances toxiques, dont certaines sont connues pour causer des cancers ou augmenter le risque de troubles cardiaques et pulmonaires. Leur utilisation peut également affecter le développement du cerveau et entraîner des troubles de l'apprentissage chez les jeunes", faisait état l'organisation.
Le tabacologue Martial Bodo abonde dans ce sens. Si la cigarette électronique peut, selon lui, représenter une "bonne" alternative lorsqu'on souhaite diminuer sa consommation de tabac, elle s'avère être "la pire" si l'on désire arrêter de fumer.
"Certes, la cigarette électronique permet d'éviter l'inhalation des molécules aux propriétés cancérigènes présentes dans le tabac. Son effet sur la santé physique est vraisemblablement moindre", a expliqué le tabacologue. Ce dernier rappelle cependant que le monde scientifique a "peu de recul" sur ses effets à long terme. Les dommages de la nicotine - dont le taux est parfois plus élevé encore que dans une cigarette classique - restent également "avérés, notamment en termes d'impact sur le système cardiovasculaire", a-t-il appuyé.
Outre l'impact des cigarettes électroniques sur la santé physique, Martial Bodo pointe également celui sur la santé mentale. Les "vapoteurs" n'échappent donc pas à la dépendance "psycho-comportementale et émotionnelle" présente chez les fumeurs de tabac. Il dénonce tout particulièrement la stratégie marketing des entreprises d'e-cigarettes jetables qui - en visant un public jeune avec ces "puff" colorées, aromatisées et prêtes à l'emploi - banalisent un produit dommageable tant pour la santé que pour l'environnement.
"Je conseille aux personnes qui souhaitent arrêter la nicotine, à l'instar d'un rendez-vous pris chez un dentiste pour un souci dentaire, de consulter un tabacologue", a conclu Martial Bodo. Un remboursement partiel par la mutuelle est prévu pour les huit premières consultations chez un tabacologue agréé.