L’isolement social extrême que l’on nomme au Japon «hikikomori» dépasserait largement le concept habituellement admis et se retrouve aussi de plus en plus chez nous.
Le mot «hikikomori» vient effectivement du pays du Soleil Levant et a longtemps été considéré comme une sorte d’agoraphobie par les Occidentaux, mais il semble, selon les experts, qu’il s’agit plus d’ochlophobie (peur de la foule).
Les experts, dans leur article à paraître en février dans World of Psychiatry, mettent en exergue les aspects-clés de cette maladie en vue de simplifier le diagnostic:
- confinement dans un endroit clos comme une maison,
- évitement des personnes: dans la nouvelle définition, on ne parle plus uniquement de peur, mais on considère aussi que ces personnes évitent les interactions sociales, car cela augmente leur confort,
- détresse: beaucoup de personnes hikikomori disent être satisfaites de leur retrait social, mais plus la durée du retrait social augmente, plus le sentiment de solitude et la détresse augmentent,
- le diagnostic d’hikikomori ne peut plus être exclu en présence d’une co-occurrence d’un autre trouble psychiatrique; au contraire, les experts estiment que ce trouble tend à co-exister avec d’autres comme les attaques de panique, la catatonie, etc.
Les auteurs estiment qu’avec l’accroissement de la digitalisation de la communication, le phénomène hikikomori risque de s’accroître de façon exponentielle. Par ailleurs, l’isolement social est rarement considéré par le corps médical comme un problème que doit prendre en charge la médecine. Pourtant plusieurs études montrent que cet isolement constitue un facteur non négligeable d’abstinence ou de refus thérapeutique de la part du malade.
Jusque récemment, on considérait que ce phénomène concernait essentiellement les jeunes, mais cela s’étendrait aussi aux personnes plus âgées. Les raisons sont multiples: d’une part, il faut se souvenir que ce phénomène n’est pas récent et donc que les jeunes hikikomori d’hier ont vieilli. De plus, les experts estiment qu’il existe de nombreux points communs entre un jeune hikikomori de 18 ans au Japon et une personne de 80 ans qui vit seule et qui reçoit ses repas à domicile. A réfléchir, même à plusieurs milliers de kilomètres du Japon…