Le CD&V approuvera dimanche son programme électoral en vue du 9 juin prochain. Les quelque 500 pages qui le contiennent se résument en un manifeste de 70 points.
Le choix d'un plan en 70 points n'est pas innocent: il se veut une référence inversée au plan du Vlaams Blok des années 1990. Le président du CD&V, Sammy Mahdi, entend faire de son parti un barrage contre les formations extrémistes. Offrir une réponse aux préoccupations des électeurs de l'extrême-droite constitue la seule alternative à l'immobilisme politique qui menace après le 9 juin, estime-t-il.
Le CD&V se place au centre-gauche sur les thèmes du bien-être, des soins de santé et du pouvoir d'achat. Il plaide par exemple pour un "crédit famille" de 30 semaines qu'un couple pourrait partager à sa guise après la naissance d'un enfant, un doublement des moyens pour l'accueil de la petite enfance, des investissements significatifs dans la santé mentale. Quant à l'indexation automatique des salaires, il n'y "a pas de discussion possible".
Les chrétiens démocrates flamands se veulent en revanche de centre-droite sur le plan éthique. Pas question pour eux de prolonger le délai pour avorter à 18 semaines. Ils plaident également pour une limitation dans le temps des allocations de chômage, moyennant une exception pour les chômeurs âgés. Sur le plan de la sécurité et de l'immigration, c'est même à droite que le CD&V se positionne: doublement des policiers de quartier, règles de regroupement familial plus strictes et examen d'intégration obligatoire pour les travailleurs immigrés. Les étrangers qui bénéficient d'un statut de protection temporaire -par exemple les Ukrainiens- devraient également suivre un trajet d'intégration en vue de travailler.
En ces temps de sombre perspective budgétaire, le programme inclut un retour à l'équilibre. Pour ce faire le CD&V mise notamment sur l'augmentation du taux d'emploi à 8O% et des recettes de 2,5 milliards d'euros tirées de la lutte contre la fraude fiscale et sociale, mais aussi la suppression du Sénat, une limitation de la dotation des partis et les recettes issues du Pacte migratoire européen. Ces dernières pourraient représenter 666 millions d'euros dès lors que la Belgique accueille ceux qu'elle doit accueillir en vertu des règles européennes.
La réforme fiscale fait aussi partie des priorités du CD&V. Sous cette législature, le projet du ministre des Finances, Vincent Van Peteghem, n'a pas pu aboutir. Le prochain gouvernement devra y arriver "sinon nous ne voyons pas l'intérêt du gouvernement", estime M. Mahdi.
Le président voit un espace politique se dégager pour les partis du centre. Il prend l'exemple du Luxembourg, de la Slovénie, de la Grèce, de la Pologne et même des Pays Bas où le parti centriste de Peter Omzigt a fait un bon score lors des dernières élections.
"A mon avis, les Flamands ne veulent pas que l'on fasse des économies sur leur salaire ou leur pension, ils pensent que l'on doit instaurer une taxe sur le patrimoine et que les étrangers qui viennent ici doivent faire un effort. Nous devons essayer d'être le pouls de la Flandre", a-t-il dit.
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