Prescription électronique : les résultats surprenants d'une étude belge chez les patients

 

La Commission européenne a fait comprendre depuis quelques temps ses souhaits à long terme pour l’interopérabilité des données entre les pays membres. Le secteur de la santé n’a jamais été une exception, et on dénote en particulier les nombreuses initiatives quant à l’homogénéisation du dossier patient informatisé, tant en intra-hospitalier qu’en extrahospitalier. Les prescriptions médicamenteuses font-elle aussi l’objet d’une digitalisation importante.

Mais qu’en pensent les patients ? Une équipe de chercheurs de l’université d’Anvers a développé un questionnaire pour évaluer l’opinion citoyenne en regard de la prescription électronique, avec plus de 270 répondants, avec des usages différents de médicaments (prise aigue ou chronique).

Pas de différence marquée entre les sexes

Comme on pouvait s'y attendre, la fraction de personnes prenant des médicaments sur une base chronique était nettement plus importante chez les personnes âgées de 50 ans et plus et, bien que davantage de femmes aient participé à l'enquête, il n'y avait pas de différence marquée entre les sexes. Une constatation importante, 63% des personnes interrogées ont déclaré aller à la pharmacie chercher des médicaments pour d’autres personnes, presque toujours des membres proches de la famille.

Une nette majorité de personnes (68–81%) ont déclaré connaître la nature des prescriptions électroniques. Il n'y avait pas de différence significative lié à l'âge. Au total, 34% des personnes interrogées ont déclaré que leur médecin n'avait pas rédigé d'ordonnances par voie électronique, un chiffre irréaliste, car plus de 80% des médecins de premier recours rédigent des ordonnances électroniques . Comme les patients reçoivent toujours un morceau de papier, ils ne réalisent peut-être pas encore à quel point la numérisation a progressé. Ici aussi, il n’y avait pas de biais clair lié à l’âge .

37% d'opinions positives

Au total, 37% des répondants ont exprimé une opinion positive sur les prescriptions électroniques et ont cité la lisibilité comme raison principale. En revanche, 7% des répondants avaient un avis négatif, citant la date d'expiration plus rapide comme raison importante (en Belgique, les ordonnances électroniques n'expirent pas plus rapidement que les ordonnances manuscrites, mais le système impose la présence et la lisibilité d'une date d'expiration. ).Seulement 15% des personnes étaient au courant de l'existence du «Personal Health Viewer»

Le problème d'une tierce personne 

Lorsqu'ils ont le choix, 51% des répondants ont préféré recevoir une copie papier de leur ordonnance. Cette préférence pour une version imprimée était beaucoup plus prononcée chez les personnes qui prenaient des médicaments de façon chronique, par rapport à celles qui ne prenaient que des médicaments de manière aiguë (60% contre 41%). Les personnes ont également exprimé le besoin d'avoir une ordonnance sur papier pour leur rappeler d'aller chercher le médicament à la pharmacie.

Une autre grande préoccupation exprimée était la difficulté de confier à une tierce personne le soin d’aller chercher les médicaments à la pharmacie, dans le cas d'une ordonnance sans papier. Sans un système formel documentant l'autorisation d'un patient, il est clair que le personnel de la pharmacie ne peut pas réellement vérifier si une personne est vraiment digne de confiance et autorisée par le patient.

Un pourcentage élevé, 89%, pense qu'il devrait toujours être possible pour un patient de demander une version imprimée et 21% pensent que cela devrait toujours être obligatoire. Au total, 80% étaient d’avis que c’est le médecin qui est chargé de donner une version imprimée au patient.

Les résultats sont interpellant : une majorité de patients reconnait avoir besoin de plus d’informations concernant la prescription électronique ; ceci est interprété par les auteurs comme une conséquence de la persistance de prescription papier chez la plupart des médecins.

Les auteurs de l’étude concluent qu’à l’heure actuelle, les patients ont une connaissance et une compréhension insuffisantes des changements envisagés. “À la lumière de ces considérations et des problèmes techniques récents rencontrés par le système, nous estimons qu'il est urgent de mettre à jour l'analyse risques-avantages de la politique envisagée. Des analyses supplémentaires des risques et des avantages du système, du point de vue du patient, peuvent être justifiées”

Patient Perceptions of Electronic Prescriptions in Belgium: An Exploratory Policy Analysis

  • Suykerbuyk, L.; Robbrecht, M.; De Belder, S.; Bastiaens, H.; Martinet, W.; De Loof, H. Patient Perceptions of Electronic Prescriptions in Belgium: An Exploratory Policy Analysis. Pharmacy 20186, 130.

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