La pandémie du Covid-19 a rendu nécessaire la prestation de soins à distance pour des patients atteints d’un cancer. De quoi donner un coup d’accélérateur à la télémédecine et à la recherche. Des chercheurs ont procédé à la première “scoping review” de publications afin d’identifier les lacunes existants dans ce que l’on sait de la prestation à distance de soins contre le cancer. Les résultats viennent d'être publiés dans le Lancet.
Des chercheurs du Center for Behavioral Health and Technology de l’Ecole de Médecine de l’université de Virginie à Charlottesville ont procédé à une étude des publications évaluées par des pairs portant sur la santé numérique et les interventions de télémédecine en cas de cancer, articles publiés depuis le lancement de la base de données jusqu’au 1er mai 2022 dans PubMed, Cumulated Index to Nursing and Allied Health Literature, PsycINFO, Cochrane Reviews et Web of Science.
« Pour autant que nous le sachions, nous avons procédé à la première “scoping review” de publications ayant pour sujet l’utilisation de la télémédecine pour les soins aux patients cancéreux », expliquent les auteurs dans le Lancet. « L’essor qu’ont connu la santé numérique et la télémédecine dans les soins oncologiques pendant la pandémie ont rendu nécessaire un examen de l’état de la science afin d’identifier les lacunes existants dans ce que l’on sait de la prestation à distance de soins contre le cancer. »
Des lacunes dans les évaluations
De manière générale, la plupart des études se concentrent sur des interventions auprès de patients cancéreux pendant la phase active de traitement et la phase de survie et s’appuient sur des logiciels d’e-santé, sur des entretiens synchrones par téléphone ou en vidéoconférence, et sur des applications mobiles. Les conclusions de ces études sont, communément, que les interventions de santé numérique et de soins à distance se sont avérées à la fois réalisables et efficaces mais qu’il demeure nécessaire de procéder à des tests d’efficacité à plus grande échelle et davantage étayés.
« Nous avons constaté un manque de documentation à propos des personnes âgées bénéficiant de soins oncologiques, du deuil lié au cancer, du bien-être des prestataires de soins oncologiques, et des résultats de prestations de soins à moyen et long terme. Il existe par ailleurs peu de comparaisons méta-analytiques avec des soins personnalisés traditionnels ou entre différents programmes de santé numérique et de télémédecine.
Evaluer l’état de la science sur base d’études de grande qualité pourrait contribuer à pousser plus loin l’innovation dans le domaine des soins à distance, en particulier pour les personnes âgées et les proches, et permettrait de favoriser l’intégration et la pérennité de telles interventions dans les pratiques oncologiques classiques. Ces travaux permettront d’accentuer la portée et les effets d’interventions de santé numérique et de télémédecine afin de réduire les risques de cancer et d’améliorer les soins oncologiques pour tous les individus », concluent les auteurs.