Sous le titre «Is dokter Google een crack of een kwakzalver?» («Le Dr Google, crack ou charlatan?»), le mensuel de la KU Leuven s’arrête sur les avantages et inconvénients de la pléthore d’informations médicales qui circule aujourd’hui sur internet au travers d’une interview avec le Dr Patrik Vankrunkelsven, directeur du Centre belge d’Evidence-Based Medicine (CEBAM).
Petit florilège:
- «Un classique: si vous effectuez une recherche sur le terme ‘maux de tête’, la probabilité d’aboutir à une tumeur cérébrale est plusieurs milliers de fois supérieure au risque que celle-ci soit effectivement responsable de vos céphalées.»
- «Il n’y a absolument aucun point positif à ce que les patients paniquent sans raison… et ils le font beaucoup plus qu’avant. Merci, Dr Google!»
- «Je me souviens d’un cas particulièrement désolant tiré de ma propre pratique, celui d’une jeune femme ayant récemment subi un avortement qui a été terrifiée en ‘découvrant’ sur internet que son risque de cancer du sein en était considérablement accru. En refaisant la recherche moi-même, j’ai pu constater que la rumeur reposait sur très exactement un article, contredit par toutes les recherches ultérieures. Le mécanisme? Une étude aussi ‘spectaculaire’ va forcément susciter énormément de réactions sur les réseaux sociaux – et, dans le cas qui nous occupe, elle avait en outre été relayée par le mouvement anti-avortement américain. J’ai heureusement pu rassurer ma patiente, mais voilà donc une consultation qui n’aurait pas été nécessaire sans l’intervention du Dr Google.»
- «Je ne dis pas qu’il vaut mieux rester loin d’internet, mais si vous allez y chercher des informations de santé, orientez-vous vers des sites fiables. Et il y en a! Le CEBAM a ainsi lancé en collaboration avec les autorités flamandes le site www.gezondheidenwetenschap.be, qui voit passer jusqu’à 20.000 visiteurs par jour. Si ce genre d’initiative peut éviter une consultation inutile, c’est évidemment une bonne chose.» ( ndlr Ces articles seront traduits en français pour le portail MaSante.belgique.be)
- «Il arrive même parfois qu’un patient me corrige! Je ne trouve pas cela grave du tout, que du contraire: je suis un grand partisan de l’alphabétisation en santé.»
- «Nous consacrons beaucoup plus d’énergie qu’avant à corriger les idées fausses qui circulent chez nos patient (notamment, depuis quelques années, à propos de la vaccination). C’est là que l’on voit combien la désinformation en ligne peut avoir des conséquences dramatiques. Le mouvement anti-vaccination est devenu plus résistant que les virus et on dénombre à nouveau sur le continent européen des dizaines de décès dus à la rougeole… qui auraient pourtant parfaitement pu être évités.»
Le Dr Google a deux visages, conclut Patrik Vankrunkelsven. «Les recommandations de santé en ligne peuvent être un outil précieux, mais Google n’est pas la voie idéale pour y accéder, car on a tôt fait de se perdre dans le dédale de ses résultats. 90 % de l’information en ligne est en effet soit complètement dépassée, soit carrément fausse. […] Un bon niveau de formation ne protège d’ailleurs pas contre la désinformation: on peut être universitaire et patauger dans l’absurdité la plus complète.»
> Retrouver l’interview dans son intégralité (en néerlandais)