Le DMI est un échec car il n’est qu’une version numérique du dossier papier (Etude)

Devenu incontournable, voire obligatoire, le dossier médical informatisé n’a pas encore réussi le pari de décharger le médecin ni d’améliorer la qualité des soins. Des chercheurs de l’Université de Pennsylvanie suggèrent qu’il est temps que les médecins abandonnent leurs vieux réflexes liés au papier et révolutionnent le dossier médical.

Publié dans le New England Journal of Medecine, l’article fait mouche. En comparant le dossier médical électronique que les médecins utilisent actuellement, à un film de cinéma reproduisant une pièce de théâtre, les auteurs montrent combien le décalage est grand. Alors que l’interactivité des acteurs du numérique ne cesse de croître, alors que l’utilisation de notifications et de flux est désormais monnaie courante pour tout possesseur d’un smartphone, l’informatisation du dossier médical est restée figée au stade de la transposition du papier vers l’ordinateur, du courrier postal vers l’email, de l’archivage vertical vers l’archive numérique.

En partant d’exemples concrets testés au sein du réseau de soin de leur université, les chercheurs proposent de mettre en place des systèmes dynamiques liés à chaque patient. Par exemple, en élargissant le système de contrôle d’expiration des prescriptions d’antibiotiques vers une alerte sur le smartphone du médecin, le nombre de renouvellements manqués a diminué d’un tiers.

Améliorer les passages de l’hôpital à l’ambulatoire

Un autre projet porté par l’équipe de chercheurs était le suivi de patients avec hospitalisation fréquente. Ils ont ainsi monitoré 30 patients en utilisant une plateforme impliquant les familles et les services sociaux, et en répertoriant les besoins spécifiques du patient. L’équipe multidisciplinaire était aussi automatiquement alertée dès que le patient était admis aux urgences. Cette procédure de suivi dynamique a permis de réduire de 67% le taux de réadmissions à 30 jours et de 56% la durée du séjour lors de la réadmission.

Trop d’information…

…tue l’information. «Tout le monde n’a pas besoin de tout savoir à tout moment» précise un des auteurs, déjà noyé par les courriers et les lettres d’info-éducation. Si l’équipe de première ligne ou le généraliste doit avoir une vision globale de la situation du patient, le néphrologue pourrait ne recevoir que les alertes concernant la fonction rénale.

Les auteurs soulignent le gain de temps dans la gestion des modifications des paramètres et la diminution des erreurs de transmission de l’information.

Face au boom des projets de dossiers connectés et avec l’inévitable mise en réseau des soins, il est temps de rendre le dossier médical dynamique et interactif, avec l’appui des applications mobiles pour plus d’interopérabilité.

Subscribing to Your Patients — Reimagining the Future of Electronic Health Records

Le débat se poursuit sur @numeriKare

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Derniers commentaires

  • Marc PETIT

    05 juillet 2018

    Bonjour,
    Plus en informatique que dans tout autre domaine l’argent est le nerf de la guerre...
    Autre écueil, l’incompatibilité des systèmes savamment orchestrée par les grands groupes de l’indus Informatique.
    Marc Petit

  • Jean-Paul Didden

    02 juillet 2018

    de fait, tomber pour un dossier dans des cases etriquees preencodees se deroulant a l'infini et ne correspondant nullement a la finesse d'un texte libre est une prison qui risque de creer un biais tres important dans toute exploitation ulterieure des donnees.

  • Claudine DAWANCE

    02 juillet 2018

    Tout cela serait parfait si les développeurs privés de logiciels médicaux avait une visée scientifique et un but d'interactivité plus poussée de leur logiciel. Malheureusement leur but est avant tout et lucratif (devrai-je dire mercantile) avec une visée de monopole final afin de tout contrôler et de se rendre incontournable quand bien même seraient-ils de mauvaise qualité.

  • Michel Stouffs

    26 juin 2018

    Oui, bon! Bref! En fait beaucoup de gens mûs par LEUR curiosités spécifiques pour des buts inconnus, exigent l'accès au dossier individuel du patient et à toutes données +/- utiles.
    Et qui a donné son accord pour les leur confier? Ni le médecin, ni le patient, en tout cas de façon explicite, réfléchie et décidée!
    J'ai heureusement dépassé l'âge où on doit se soumettre à ces violations répétées du colloque singulier et du secret médical: je m'en félicite joyeusement! Heureusement, perso, je ne devrai pas partager les ans qui me restent avec cet INMI et ses scribes obtus!