L’école polytechnique de Louvain (EPL) a reçu 2 millions d’euros pour la mise en place d’une chaire «ingénieur pour la santé». Les Pr Sophie Demoustier, Renaud Ronsse, Philippe Lefèvre et Sébastien Jodogne ont été chargés de son développement.
Au sein de cette chaire, un groupe de travail se concentre sur les activités liées à l’informatique. La volonté est d’y développer des outils pour l’enseignement de l’informatique médicale avec notamment la volonté de créer un hôpital virtuel comme nous l’explique le Pr Sébastien Jodogne: «L'objectif de cet hôpital virtuel est d'offrir un support à l'enseignement de l'informatique médicale à la destination d'ingénieurs et d'informaticiens en formation. Les compétences technologiques en informatique médicale sont en effet en général apprises sur le tas, et sont souvent réservées aux personnes qui parviennent à trouver un emploi dans le milieu de la santé (hôpitaux, mutuelles, organismes fédéraux, start-ups...). Nous souhaitons offrir aux étudiant·es un environnement pédagogique qu'ils ou elles pourront librement déployer sur leur propre laptop, en amont d'un emploi, et qui émule les systèmes informatiques qu'ils pourraient rencontrer dans un hôpital réel.»
Hôpital, AI et logiciels
Cette plateforme pédagogique permettra de se familiariser aux systèmes informatiques hospitaliers, à l'intégration de nouveaux logiciels dans un environnement clinique représentatif, à la création de nouvelles bases de données médicales (par exemple en lien avec un dispositif médical innovant), voire à la mise en œuvre d'algorithmes statistiques ou d'intelligence artificielle. « Cela sera fait en déployant un ensemble cohérent de logiciels libres et open-source dans une plateforme unique (en termes techniques, une machine virtuelle), associés à des données disponibles en open-data, avec une attention particulière portée aux standards d'interopérabilité internationaux (FHIR, DICOM, HL7, SNOMED-CT, LOINC...). »
Pas pour soigner
Cet hôpital virtuel ne va pas "soigner" par lui-même, « mais il permettra de former une nouvelle génération de polytechniciens qui auront déjà été en contact avec des systèmes informatiques représentatifs de ce qu'ils découvriront dans leur milieu professionnel futur. Nous espérons que l'hôpital virtuel permettra ainsi de réduire le coût socio-économique lié à l'accueil de nouveaux développeurs dans le domaine de la santé, tout en augmentant la qualité des logiciels liés à la santé développés en Belgique. En d'autres termes, il s'agit avant tout d'une initiative pour la pédagogie de l'informatique médicale. C'est pourquoi elle est portée par l'EPL. »
A ce stade, selon le Pr Sébastien Jodogne, cette initiative s’inscrit dans une démarche plus globale: « Même si nous ne sommes pas au courant de projets similaires en Belgique ou à l'étranger, il faut souligner que les logiciels libres et open-source que nous prévoyons d'intégrer (GNU Health, Cytomine, Orthanc, HAPI, Mirth Connect...) existent d'ores et déjà. Ils sont même déjà utilisés intensément dans des environnements cliniques, même s'ils représentent une "matière noire" dont peu de personnes parlent. L'enjeu est ici de mettre ces logiciels libres et open-source au cœur d'une initiative pédagogique, de leur adjoindre des données cliniques représentatives (mais bien sûr désidentifiées et accessibles en open-data), ainsi que d'ajouter une cohérence entre ces logiciels à travers des standards d'interopérabilité. »
Une démarche très intéressante tant pour le monde hospitalier que pour les médecins et futurs médecins qui sont curieux de ce secteur en plein développement...