Plus grand hôpital privé de Wallonie, le Grand Hôpital de Charleroi (GHdC) ouvrira d’ici 2022 une toute nouvelle infrastructure de plus de 900 lits sur un seul et même site. Un hôpital qui se veut à la pointe de l’innovation en matière d’architecture, d’organisation, de processus et de pratiques médicales.
Créée en 2008, la structure du GHdC regroupe 6 sites hospitaliers et différentes ASBL pour 1.124 lits avec quelque 4.000 employés et 150 métiers. «Après la centrale nucléaire, l’hôpital est considéré par la Banque Européenne d’Investissement comme la structure économique la plus complexe», précise d’emblée Pierre Jacmin, directeur informatique.
Intégration poussée
«Aujourd’hui déjà», insiste encore Pierre Jacmin, «le GHdC est largement connecté et technologiquement à la pointe, dans le cadre d’un investissement annuel de 3,5 millions d’euros. Ainsi, les différentes structures partagent un seul réseau avec plus de 8.000 points de connexion, deux datacenters (question de redondance), un numéro patient unique, un PACS et un même système d’archivage notamment. Mais compte tenu de la nouvelle politique de regroupement des hôpitaux [Maggie de Block a évoqué la création de 25 réseaux hospitaliers pour 400.000 patients chacun, ndlr], nous avons 25% de lits en trop», ce qui pousse à privilégier l’hospitalisation de jour et les soins à domicile.
Dès lors, le nouvel hôpital actuellement en projet entend réduire la capacité du GHdC à un peu plus de 950 lits en un seul et même lieu (135.000 m2) avec refonte totale tant de la conception du site que de l’organisation. «Nous avons axé l’innovation sur 4 pôles: l’architecture, l’organisation, les processus et la pratique médicale», relève Pierre Jacmin. Ainsi, l’efficacité énergétique a été poussée très loin (géothermie, cogénération, etc.), tandis que l’agencement architectural a été scindé en 5 éléments: hot floor (infrastructures techniques), bureaux (avec des flexdesks), hôtel (long séjour), motel (court séjour) et logistique (usine). En pratique, dix pôles de soins interactifs (contre 65 aujourd’hui) seront regroupés en fonction de la pathologie ou selon une logique d’organes, et seront encadrés par deux fonctions, l’une d’appui clinique (urgences, soins intensifs, médecine interne générale, etc.), l’autre médico-technique (radiologie, laboratoires, etc.).
Informatique de pointe
Au niveau de l’informatique, le GHdC a d’abord conçu un réseau informatique «avec de la fibre optique au plus près de la source», soit pas moins de 40.000 points de connexion qui permettront de supporter l’ensemble des équipements informatiques destinés tant aux patients qu’aux visiteurs et au personnel soignant (avec scission entre le réseau WiFi pour les ‘hôtes’ et le réseau interne à l’hôpital. «L’objectif est de pousser les informations relatives aux données du patient au plus près de celui-ci», note encore Pierre Jacmin.
Par ailleurs, on trouvera notamment un système automatisé d’accueil et d’orientation des patients/visiteurs (des robots Pepper seront même testés), des équipements de télémédecine de pointe, de la téléphonie unifiée, des postes de travail virtualisés (avec accès à ses données/applications pour tout membre du personnel où qu’il se trouve), un transport automatisé des médicaments et déchets (avec même un ascenseur dédié pour fluidifier les processus), des salles d’opération avec équipements de pointe, etc. Jusqu’à la communication avec le patient à son domicile dans le cadre du projet AutOpital. Ajoutons qu’au niveau du datacenter, le GHdC laisse la porte ouverte au cloud, tout en choisissant de ne pas construire un centre de données traditionnel, mais en préférant un datacenter en conteneur, plus modulaire.
«L’hôpital du futur sera connecté, numérique ET sécurisé. Mais aussi et surtout axé sur le patient», insiste encore le directeur informatique. Une sécurisation nécessaire compte tenu de l’aspect critique des données traitées. Cela dit «le dossier patient informatisé tel qu’il existe aujourd’hui n’est qu’une étape car la notion de BMUC [Belgian Meaningful Use Criteria] reste assez vague dans sa mise en œuvre, dans la mesure où les échanges sont jusqu’ici assez basiques. De même, le nouveau RGPD [Règlement Général sur la Protection des Données] doit encore faire l’objet d’un examen approfondi», reconnaît Pierre Jacmin.
Enfin, le directeur informatique du GHdC se félicite du fait que le projet de nouvel hôpital a permis «de structurer en interne la démarche de gestion de projet et de processus telle qu’elle avait été initiée par l’informatique. Désormais, chaque projet est abordé avec un outil de BPM ou business process modelling.» D’ailleurs, «en 2002, l’informatique était considérée comme un centre de coûts, alors qu’elle participe désormais à la stratégie de l’entreprise en étant au comité de direction.»
Et cerise sur le gâteau, le nouveau bâtiment devrait permettre de réduire les coûts de pas moins de 45%.