L’utilisation abusive d’antibiotiques en médecine humaine et en médecine vétérinaire a largement contribué à l’apparition des résistances bactériennes contre eux, voire à de multirésistances. Un défi pour les pays développés mais aussi les pays en développement. Une invention française devrait permettre de mieux les détecter et mieux les combattre.
L’OMS considère que la multirésistance bactérienne aux antibiotiques constitue le défi majeur de ce début de XXIe siècle. Comme on sait, les antibiogrammes permettent de déterminer plus ou moins rapidement l’efficacité de tel ou tel antibiotique contre telle souche bactérienne. Depuis quelques années, la machine a supplanté l’homme dans cette tâche itérative. Cependant ces machines sont onéreuses et souvent peu accessibles aux pays plus pauvres.
L’idée a donc germé dans l’esprit de chercheurs français de développer une application pour smartphones capables de réaliser la lecture d’antibiogrammes. Le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), le Centre d'énergie atomique (CEA), l'Université d'Evry, l'hôpital Henri-Mondor (AP-HP) et Médecins sans Frontières ont donc développé une application mobile qui grâce à un système d'apprentissage automatique facilite le diagnostic de la résistance aux antibiotiques.
Ce travail avait déjà été primé en 2019 et les résultats définitifs de leurs travaux viennent d’être publiés dans Nature Communications. Cette application, en open source, repose sur un algorithme pour le traitement d’images capable de déterminer l’aire de la zone d’inhibition. Selon les auteurs, ce processus permettrait d’obtenir une concordance de 98% avec une analyse manuelle par un spécialiste. Par ailleurs, cette application, qui fonctionne sur androïd, est autonome et ne nécessite donc pas de connexion à internet, ce qui peut s’avérer utile dans des régions isolées. Actuellement, elle est toujours en phase de tests à l’échelle de 3 pays, mais elle devrait être disponible en 2022.