La semaine passée, Medvia (Flandre), BioWin (Wallonie) et lifetech.brussels ont organisé le premier événement « Health on Stage.be », un événement national de matchmaking co-créé avec plus de 25 organisations belges de soins de santé.
« Notre volonté est de renforcer les liens entre les organismes de soins de santé et les acteurs de la HealthTech en Belgique », explique Isabelle Grippa, CEO de hub.brussels, qui insiste sur l’objectif : « Les innovations peuvent permettre des économies pour la sécurité sociale. Les entreprises travaillent souvent sur des aspects de prévention, mais les entrepreneurs doivent mieux écouter les besoins des hôpitaux. Les clusters des trois régions se sont réunis pour répondre aux besoins des institutions médicales avec des solutions entrepreneuriales. »
Accessibilité des soins
Au fil de la journée, les différents acteurs ont discuté de l’accessibilité des soins de santé, de la surveillance à distance des patients, des dossiers médicaux électroniques (DME) et de l'échange de données, de la logistique liée aux patients et de la gestion des ressources, de l’IA pour les soins de santé, des dispositifs médicaux, de la qualité des soins, des soins à domicile... Sophie Liénart, de lifetech.brussels, rappelle que "les besoins des établissements de soins ont été soumis à Coalition Next Belgium."
De nombreux représentants d’hôpitaux étaient présents : CHwapi, Cliniques de l’Europe, Hôpital Universitaire de Bruxelles, Clinique Saint-Pierre, Ottignies, UZ Brussel, Centre Hospitalier, EpiCURA, CHU de Liège, CHU Brugmann, Hôpitaux Iris Sud, CHU Charleroi-Chimay, Clinique Saint-Luc Bouge, Cliniques universitaires Saint-Luc...
La question du coût
Sur le terrain, Adrien Dufour, directeur de la Clinique Saint-Luc Bouge, investit dans une transition vers une solution DPI transversale : « L’importance de cette évolution réside dans l’amélioration continue, la standardisation de l'interopérabilité et la sécurité des données. » Il n’oublie pas l’amélioration de la continuité des soins et de la gestion des informations des patients.
Faire gagner du temps aux hôpitaux
Mais que peuvent retirer les hôpitaux d’une telle journée ? Pour le Dr Philippe Devos, président d'Unessa, la démarche est intéressante : « Les hôpitaux n’ont pas de temps à perdre. Il est essentiel d’avoir des acteurs qui écoutent les problèmes plutôt que de les voir venir dans les hôpitaux vendre des solutions qui ne sont pas adaptées. »
Dans de nombreux hôpitaux, le développement d’une culture de l’innovation est en cours. Toutefois, la question du financement reste primordiale. « Il faut que ces solutions apportent un vrai gain de santé pour le patient, afin que, à un moment donné, quelqu’un dise : "Je le paie". Que ce soit l’hôpital, le médecin, l’État ou le ministre… », ajoute-t-il.
Hospitalisation à domicile
La question de l’hospitalisation à domicile sera centrale dans ce débat pour éviter que l’hôpital perde des financements : « La révision du mode de financement est en cours. On se rend bien compte que l’on se dirige vers une forfaitisation, ce qui pourrait être une opportunité, surtout si le financement est le même à l’hôpital et en dehors. Alors, des moyens pourront être dégagés pour la technologie, pour les médecins ou le personnel soignant qui accompagnera cette technologie », souligne-t-il.
Pour Scott Russell, fondateur d’Innatify, qui travaille notamment dans la gestion des remplacements d’infirmières, « le modèle actuel de remboursement des hôpitaux doit être modifié afin de mieux soutenir les soins préventifs et de réduire les coûts à long terme. Il existe des exemples clairs où les hôpitaux sont pénalisés financièrement pour des investissements visant à réduire le nombre de patients hospitalisés. »
Les actes des médecins
Les médecins devront également s’investir dans ces solutions innovantes, précise Philippe Devos : « Évidemment, tous les médecins ne s’engageront pas dans ces démarches. Il y a déjà des pionniers. Les autres suivront, car le gain de valeur pour leur patient leur permettra de consacrer moins de temps à d’autres tâches. »
Selon lui, le rôle du médecin va évoluer : « Aujourd’hui, tous les médecins sont producteurs de soins. Avec les limites démographiques que nous aurons, il faudra que le médecin devienne un coordinateur de soins et délègue certaines tâches à des infirmiers, du personnel soignant, ou à la technologie. En plus, si elle est bien utilisée, la technologie pourrait réduire le nombre de burnouts chez les soignants. Bien sûr, elle ne doit pas être utilisée pour exercer encore plus de pression sur le personnel ou les médecins. Si elle permet de passer plus de temps avec le patient, c’est un vrai plus. »
Le métier évoluera inévitablement : « Les études de médecine devraient mieux préparer les futurs médecins à gérer leur IA. Je sais que le Dr Giovanni Briganti le fait déjà, mais il faut que d’autres s’y mettent aussi. »
Nul doute que dans les prochaines semaines, des idées émergeront des rencontres entre tous ces acteurs lors de cette journée... avec, pour Marianne Ghyoot de BioWin, un objectif final : « Créer de l'emploi grâce à des projets de recherche et d'innovation collaboratifs au bénéfice des patients... et de la société. »