L’enjeu de la maîtrise qualitative des données santé avec les nouvelles technologies est un des grands tournants de la médecine au 21e siècle. Avec l’informatisation, les médecins sont de plus en plus étouffés par des tâches administratives, comme le remplissage du dossier patient informatisé lors du parcours de soins. Tant les praticiens de la médecine intra-hospitalière que extrahospitalière sont touchés par ce phénomène.
Mais si ces tâches administratives pouvaient avoir une forte plus-value médicale ? C’est le but initial d’une spin-off, EarlyTracks, émanant de l’UCLouvain.
Cette société a pour but de proposer sur le marché des solutions technologiques permettant d’améliorer la qualité des informations saisies dans les logiciels préexistants dédiés au dossier patient informatisé (DPI) et ainsi permettre une meilleure organisation et valorisation de celles-ci. NumeriKare a interviewé Brice de Behault, CEO de EarlyTracks.
Quelle était l’idée de départ des solutions EarlyTracks ?
En 2015, nous avions été contactés par plusieurs hôpitaux pour les assister dans leurs problématiques RHM (Résumé Hospitalier Minimum). Notre apport était alors d’utiliser le NLP (Natural Language Processing) pour extraire automatiquement certaines informations importantes reprises dans les rapports hospitaliers. Très rapidement, nous nous sommes rendu compte que notre expertise technique était aussi très adaptée pour adresser un besoin plus large, celui de la gestion de l’information médicale. Grâce au soutien de plusieurs hôpitaux, nous avons alors pu combiner notre expertise en NLP et en SNOMED CT pour répondre au besoin d’une meilleure gestion des antécédents d’un patient. Pour cela nous avons développé un outil capable de consolider et structurer automatiquement les problèmes médicaux mentionnés dans l’intégralité de la documentation (non-structurée) clinique d’un patient, fournissant ainsi une vue centralisée et transdisciplinaire de son historique médical.
Votre solution semble informatiser une vue du patient telle que abordée par le médecin généraliste. Est-ce que les omnipraticiens pourront bénéficier de vos produits ?
Nous l’espérons. Nous voyons une logique évidente à l’intégration de nos travaux pour la première ligne et menons des projets pilotes dans ce sens. Les solutions apportées y sont même encore plus pertinentes. L’approche hospitalo-centrique tient de raisons historiques mais la vision globale est celle de faciliter non pas un échange de documents mais d’informations médicales entre acteurs du continuum de soins.
Quels sont les changements apportés par vos solutions ?
En travaillant sur la qualité de l’information médicale et en intégrant ces travaux de manière pertinente dans les DPIs, nous facilitons et donnons du sens aux efforts de capture des informations par le corps soignant. Les pressions administratives et financières sont plus fortes que jamais or de nombreux besoins simples exprimés par les médecins ne peuvent pourtant pas être adressés parce que l’information n’est pas facilement accessible. Le potentiel est énorme pour développer une culture de l’information dans le secteur des soins de santé.
Quels sont vos objectifs principaux pour 2019 ?
Nous allons d'abord consacrer beaucoup de temps à poursuivre l’intégration de nos technologies dans les DPIs de nos partenaires. Ensuite, il est aussi temps pour nous de répondre à certains besoins informationnels tels que ceux liés au RHM et aux recherches cliniques. Enfin, nous allons aussi mener des efforts pour exporter nos travaux à l’ensemble du secteur des soins de santé et dans les régions limitrophes.
EarlyTracks est partenaire avec plusieurs acteurs majeurs de la santé en Fédération Wallonie Bruxelles, notamment le CHR Citadelle, le CHU Saint Pierre et les Cliniques Universitaires Saint Luc.