A l’heure où l’on encourage les soins intégrés, les initiatives transmurales mobilisant 1ère et 2ème lignes, la bonne circulation d’infos entre prestataires devient impérative. Le Réseau Santé Wallon (RSW) a justement vocation à faciliter le partage de données. Avec un nombre croissant d’adhérents non médecins, il opère sa (lente mais sûre) entrée dans la multidisciplinarité.
Le partage des données publiées sur le RSW est régi par quelques grands principes. Il s’inscrit tout d’abord dans le cadre exclusif de la continuité des soins. Pour pouvoir accéder aux documents d’un patient, un professionnel de la santé doit pouvoir démontrer l’existence d’une relation thérapeutique effective, ce qui n’est pas le cas des médecins-conseils, d’assurance ou du travail.
De plus, le RSW a défini des droits d’accès en fonction de deux grands critères, le métier du prestataire et la nature même des données : documents hospitaliers standards (lettres de sortie, de transfert, rapports de consultation…), résultats de laboratoire et d’imagerie, sumehrs, notes de journal, etc. Vous croisez les deux, et ça donne une « matrice » d’accès. « Le médecin dispose d’un accès complet aux données (hors psychiatrie) ; les autres prestataires bénéficient d’un accès aux données de leur propre profession, auquel s’ajoute un accès partiel à des données pertinentes d’autres disciplines. Par exemple les infirmiers, les dentistes et les pharmaciens peuvent voir une partie du sumehr produit par le MG : la médication, les intolérances, les allergies, les facteurs de risques… », développe le Dr Vandenberghe, directeur stratégique du RSW. Et encore faut-il, on l’a dit, que tout ce petit monde soit uni au patient concerné par un lien thérapeutique non expiré.
L’heure étant à la multidisciplinarité accrue, cette matrice édictée par le RSW a évolué. Et le fera encore, nous dit-on. Récemment, par exemple, il a été décidé d’habiliter les infirmiers éducateurs qui suivent un patient diabétique engagé dans un trajet de soins à afficher les résultats de laboratoire et les rapports de diabétologie, d'endocrinologie ou de médecine interne. Ou encore de permettre aux techniciens de laboratoire d’accéder aux rapports de laboratoire et aux techniciens de radiologie à ceux d’imagerie.
En sus de toutes ces règles générales, l’acteur qui détient le final cut sur le « qui-voit-quoi » demeure le patient lui-même. Il peut toujours paramétrer les autorisations d’accès (jusqu’à exclure à 100% un prestataire précis) ou encore demander que telle donnée qu’il estime ultra-sensible ne soit pas visible sur le RSW.
Le RSW, qui a commencé avec les médecins, « s’ouvre maintenant activement aux autres professions », ajoute son directeur. D’après le plus récent relevé (début 2020), on dénombre 19.379 professionnels inscrits, dont 13.088 médecins, 2.783 infirmiers, 1.276 dentistes, 1.128 kinés, 754 pharmaciens et 185 sages-femmes. Le total suit une courbe ascendante (début 2017, on était à +/-10.000 adhérents ; début 2019, à un bon 15.000). Et parmi les diverses branches représentées, c’est le nombre des infirmiers qui a le plus progressé (il n’était que de +/- 500 il y a deux ans).
Selon le RSW, si les logiciels des différents métiers proposaient - comme les DMI des généralistes - une connexion directe au Réseau (*), ce serait assurément synonyme de nouvelle hausse des adhésions…
(*) faute de pouvoir accéder au RSW directement via leur logiciel, les soignants doivent « sortir » de ce dernier pour passer par le portail www.rsw.be
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