Pour marquer le premier anniversaire de son lancement en mars 2018, BCHT (Building Healthcare for Tomorrow) a relevé le pari de la conférence connectée. Visant les thèmes qui augurent un bouleversement dans l’organisation future des soins de santé, BHCT affirme sa vision et devient incontournable.
Dans leur discours d’ouverture, les deux fondateurs, Karolien Haese et le Dr Sam Ward précisent les challenges qui attendent nos systèmes de soins « Les gouvernements ont énormément d’espoir dans la transition numérique, le patient va devenir le pilote de sa santé »
Soignants, patients, entrepreneurs et consultants, boitier de vote en main, tous ont pu donner leur point de vue. Une audience équilibrée entre bruxellois, wallons et flamands grâce, entre autre, à la participation de la newsletter NumeriKare , du journal Le Spécialiste et de In4Care.
La santé connectée pour de meilleurs soins ?
La question du premier panel « Que ferions-nous si nous savions ? » laissait envisager une discussion hautement technique sur la médecine prédictive, entre tests ADN et modèles statistiques prédictifs. 90% de l’audience considèrent « La médecine prédictive comme levier pour la médecine préventive ». Très vite les échanges ont porté sur le danger de stigmatisation, culpabilisation ou discrimination du patient.
Margot Cloet, directrice générale de Zorgnet-Icuro et ancienne chef de cabinet du ministre Vandeurzen, plaide pour améliorer la littératie en santé et l’éducation spécifique à la médecine préventive, surfant sur la notion de « patient citoyen » chère à BHCT. Le médecin est appelé à informer son patient et à l’accompagner dans la gestion de son risque, dans une véritable décision médicale partagée.
Est-ce la machine ou l’humain qui décide ?
Les boitiers de vote s’activent devant le 2e panel : une médecine aidée dans ses décisions par les algorithmes signifient maitrise des coûts, qualité des soins et humanisation. Valérie Kokoszka, du Centre d’Ethique Médicale de Lille, pousse à la réflexion « Comment peut-on faire confiance à une Intelligence artificielle sans une certaine compréhension ou contrôle sur cette dernière ? »
Or sans confiance, pas de relation de soins. « Peut-on aussi faire confiance à la black box du cerveau du médecin ? » s’amuse Gilbert Bejjani.
Devant la masse d’informations à gérer et 40% de diagnostics incorrects, l’aide de la machine devient pourtant incontournable. S’il aura fallu attendre 100 ans pour que les médecins utilisent le thermomètre, il est maintenant temps d’utiliser ces nouveaux outils d’aide au diagnostic. Dans une « transparence démocratique » nécessaire.
Le troisième panel explore le sujet du patient autonomisé. Les patients présents font prendre conscience de l’importance de la relation de soin, Hervé Deladrière, directeur médical des hôpitaux IRIS-Sud, souhaite la fin du « paternalisme mal placé ». L’audience conclut par un vote que pour améliorer l’implication du patient il faut individualiser les soins en combinant l’outil numérique et l’accompagnement humain.
Et les GAFA ?
Les géants de la tech investissent massivement dans le domaine de la e-santé : Cloud, data, objet connecté, approche préventive et suivi chronique. Leurs stratégies sont polymorphes et leurs poches sont pleines. Sanofi vient de conclure un partenariat avec Alphabet (maison-mère de Google) pour 500 millions de dollars. L’audience vote et estime que leur arrivée sur le marché des soins de santé conduira à des systèmes mixtes de financement.
Cette journée n’a peut-être pas apporté des informations techniques et scientifiques aux érudits, mais elle a le mérite de poser les questions essentielles sur l’avenir des soins de santé. L'édition prochaine d'un Livre Blanc devrait compléter cette journée.
En attendant #BHCT19 a pu être vu par 45 727 personnes sur twitter selon Trendinalia Belgium grâce à une équipe du CIUM qui était au pupitre d'un programme pilotant le Twitter Wall de l'événement. Ce sont 104 participants qui ont ainsi alimenté twitter pour partager l'information et le débat dans leur langue et leur langage avec plusieurs milliers de personnes dans le monde.
Et si c’était cela finalement, la santé connectée ? une santé loin du jargon médical et des discours techniques, une santé qui connecte les soignants entre eux, les soignants avec les soignés, le système des soins de santé avec le citoyen.
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