Amazon vient d’acquérir un réseau de santé américain, One Medical, pour 3,5 milliards de dollars, appartenant à la société 1Life Healthcare basée à San Francisco, cotée depuis deux ans. Cette acquisition, qui en suit plusieurs autres, marque la volonté d’Amazon de se placer en position avantageuse sur un marché en pleine révolution.

En matière de santé, tout évolue à une vitesse remarquable, que ce soit au niveau des connaissances scientifiques, de la pratique médicale, des moyens diagnostiques et thérapeutiques ou encore au niveau économique. La récente acquisition de One Medical par Amazon en est une nouvelle preuve. Selon Neil Lindsay, senior vice-président d’Amazon Health Services, Amazon considère que la santé doit être réinventée.

L’e-santé vient au patient

La société américaine, 1Life Healthcare, qui vient de céder One Medical à Amazon, est à la base une société de services administratifs et de gestion. Elle propose une plateforme de soins primaires en virtuel et en présentiel à l’intention des employés d’entreprises qui ont signé avec elle des contrats dans cette optique. Ainsi le personnel de ces entreprises peut disposer sur le lieu de son travail, mais aussi sur ses lieux de vie, de prestations médicales aisément accessibles.

Les prestataires sont d’ailleurs, eux aussi, liés par convention avec 1Life Healthcare. Des assurances et des réseaux de santé sont également impliqués. Dans ce contexte, One Medical, propose des rendez-vous en présentiel dans ses 182 lieux physiques de centres médicaux, ainsi que des téléconsultations. Son offre est accessible sur un modèle d’abonnement, facturé 199 dollars par an.

Amazon continue de la sorte à élargir son offre de services en matière de santé. La firme américaine était déjà sur le marché de la vente en ligne de médicaments avec Amazon Pharmacy, constituée en 2019 après le rachat de l’américain PillPack pour 750 millions de dollars. Elle avait aussi lancé un service de télémédecine, baptisé Amazon Care, réseau de cliniques virtuelles proposant aussi des visites à domicile. Initialement destiné aux salariés d’Amazon le service a été étendu l’an passé à toutes les entreprises américaines.

Une déferlante devant nous

La puissante vague de l’e-santé sous toutes ses formes est donc en pleine déferlante. Les experts du Global Health Outlook avaient prévu une croissance de 160% de ce secteur d’avant-garde entre 2019 et 2023. Ils expliquaient cette évolution par les changements démographiques et épidémiologiques (maladies chroniques en hausse) mais aussi – et bien évidemment – par l’évolution des technologies de l’information et de la communication. Nous ajouterions volontiers à ces facteurs l’irruption massive de l’intelligence artificielle en médecine et le fait que la santé est de plus en plus considérée comme un bien commercialisable.

Cette vague est pour l’instant ralentie en Europe par rapport à d’autres continents, principalement l’Amérique du Nord, par les contraintes de protection de la vie privée. Les deux sociétés qui ont opéré la transaction évoquée ici sont d’ailleurs prudentes à maints égards. Ce qui nous intéresse à ce point de vue, c’est qu’elles évoquent dans leur communiqué de presse commun les éventuelles difficultés de « régulation », au sens anglo-saxon de contraintes légales. Une réflexion approfondie sur cette notion est néanmoins en cours aux USA et s’inspire largement du RGPD européen. Elle aboutira donc à une réglementation dont il est encore difficile de prévoir la teneur.

Mais Amazon comme tous les Américains devront s’y soumettre, ce qui l’amènera à créer des modèles de fonctionnement adapté, qui ensuite pourront sans doute être revus pour s’inscrire dans les règles européennes. 

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