Le troisième "Plan d'action national Environnement-Santé" de la Belgique se focalisera dès cette année et jusqu'en 2029 sur le lien entre climat et santé, ainsi que sur la lutte contre les effets néfastes des substances chimiques. Parmi les défis à relever: réduire les émissions carbone du système de santé, mieux protéger les populations fragiles contre les pics de chaleur et d'ozone qui se multiplient, ou encore sensibiliser à la problématique des perturbateurs endocriniens.
Le Plan d'action national Environnement-Santé (ou Nehap), troisième du nom, a été adopté en conférence interministérielle Environnement-Santé le 8 janvier. Mardi, il a été officiellement présenté aux acteurs concernés, avec ses huit "fiches d'action". Autant d'axes de travail pour le fédéral, les Communautés et les Régions, qui sont tous concernés par les projets retenus.
"Le Nehap est le fruit d'une prise de conscience grandissante de l'interaction entre notre environnement et notre santé. (...) Selon l'OMS, chaque année, 13 millions de décès - dont 1,4 en Europe - sont causés par des facteurs environnementaux évitables. Et une partie de ces décès est imputable au réchauffement climatique", a exposé mardi en conférence la ministre fédérale du Climat et de l'Environnement, Zakia Khattabi. Les évènements météorologiques extrêmes sont directement responsables de maladies et de décès, mais le réchauffement modifie également, par exemple, les modes de propagation des maladies infectieuses, a-t-ell e illustré.
Un exemple frappant est celui des moustiques tigres, qui font désormais presque partie du paysage belge. Sous le précédent "Nehap", des projets pilotes avaient été soutenus dès 2021 pour détecter l'apparition de moustiques exotiques et autres vecteurs de maladies, principalement les tiques. Le nouveau plan veut rendre structurelle et pérenne la surveillance des populations de moustiques exotiques, et envisager des mesures qui vont plus loin que la détection et la destruction. "On est arrivé à un point où il sera difficile de les éradiquer", met en garde Peter Hendrickx, qui préside le groupe de travail "moustiques exotiques" relevant du Nehap. "On a besoi n d'analyser le problème, car (la lutte contre les moustiques exotiques) coûte déjà beaucoup d'argent, certainement l'élimination, à charge des Régions".
Le groupe de travail consacré aux fortes chaleurs et pics d'ozone poursuivra, lui aussi, sa tâche sous le nouveau plan. Ce travail "doit s'intensifier", appuie Pascal Mailier, météorologue de l'IRM et membre de ce groupe. Car "on peut s'attendre à une hausse de l'intensité et de la fréquence des vagues de chaleur. Et le nombre de gens sensibles aux effets des fortes chaleurs et pics d'ozone va augmenter avec la population de plus en plus âgée et la précarité sociale qui s'accroît". Actuellement, la Belgique travaille avec trois "phases" en fonction de critères mesurables (température et seuil d'ozone): vigilance, phase d'avertissement et phase d'alerte. Mais de m eilleures prévisions et des mesures de protection plus étendues sont nécessaires, selon Pascal Mailier.
Parmi les autres axes de travail, des campagnes ciblées seront lancées dans les prochains mois pour mettre en garde les femmes enceintes ou en désir de grossesse contre les effets des perturbateurs endocriniens présents dans de nombreux produits. Le pays dans son ensemble doit également s'attaquer à la décarbonation de ses soins de santé. Ce secteur représente 5,5% des émissions nationales de gaz à effet de serre. La Belgique s'est engagée à réduire son empreinte carbone.