La résistance du champignon Candida auris à un médicament entraîne une sensibilité accrue à un autre médicament. C'est ce qu'ont découvert des scientifiques de la KU Leuven, dont les conclusions ont été publiées ce mardi dans la revue scientifique Nature Microbiology.
On inhale entre une et dix spores fongiques à chaque respiration. En une journée, jusqu'à dix milliards de spores peuvent ainsi être aspirées dans les poumons. La plupart des champignons sont inoffensifs et même essentiels à la santé de l'organisme, mais il en est un qui peut être dangereux pour notre santé.
Le Candida auris a été découvert la première fois en 2009, au Japon. En 2022, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) l'a classé en haut de sa liste des champignons à surveiller "en priorité". Les cas sont en effet en augmentation un peu partout dans le monde ces dernières années.
Ce champignon est très résistant à la plupart des traitements et peut provoquer une maladie mortelle: la candidose. Il présente un taux de mortalité allant de 30 à 70%, en particulier auprès des personnes dont le système immunitaire est affaibli.
Le Candida auris devient en outre rapidement résistant à l'arsenal des médicaments antifongiques.
Des biologistes de la KU Leuven ont étudié la manière dont le Candida auris développe cette résistance. Les chercheurs ont traité le champignon en laboratoire avec différents médicaments antifongiques et a utilisé l'analyse de l'ADN pour vérifier quelles modifications génétiques le champignon utilisait pour acquérir une résistance.
"Nous avons découvert de manière surprenante que les mutations qui provoquent une résistance à un médicament peuvent simplement augmenter la sensibilité à un autre médicament", explique le professeur de microbiologie Patrick Van Dijck. "Il est donc important de traiter les patients de manière intelligente. En raison de la faible gamme de médicaments antifongiques, l'apparition d'une résistance peut avoir de graves conséquences pour les patients atteints d'une infection à Candida auris".
Les chercheurs n'ont pas conçu de nouveaux médicaments, mais ont utilisé des médicaments antifongiques existants. Les médecins peuvent donc utiliser ces résultats presque immédiatement. "Mais il ne faut pas mettre toutes les infections dans le même panier", nuance Hans Carolus (KU Leuven). "Un traitement antifongique général n'est pas possible. Candida auris peut acquérir une résistance de différentes manières. En fonction de la mutation, un agent donnera de meilleurs résultats qu'un autre. Comme les résultats des antibiogrammes prennent plusieurs jours, les médecins traitent souvent à l'aveugle. L'antibiogramme rapide basé sur les mutations est donc une piste intéressante pour l'avenir, permettant aux médecins de prendre des raccourcis et d'administrer uniquement le médicament antifongique qui combat le mieux la résistance".