Covid-19: faut-il craindre le nouveau variant Pirola?

Avec l’arrivée de l’automne, le Covid-19 revient sur le devant de la scène sous la forme d’un nouveau variant du SRAS-CoV-2, le BA.2.86, surnommé Pirola. Ce variant défraie la chronique, il est déjà présent dans plus de 20 pays… Nous avons rencontré le Prof Eric Muraille (Biologiste, Immunologiste, ULB, Bruxelles) afin d’en savoir plus au sujet de ce virus.

Pirola, le variant BA.2.86 du SRAS-CoV-2, tient son nom d’un gros astéroïde tournant près de Jupiter. Ce mystère étant levé, le nouveau variant constitue une énième variation d’Omicron qui a remplacé d’autres sous-types du virus du Covid-19, car il est très contagieux et se répand donc très vite. Cependant, d’emblée, le Prof Eric Muraille se veut rassurant. « La famille des variants Omicron présente beaucoup de mutations de la protéine « spike ». Dans le cas de Pirola, on en a détecté plus de 30 ! Ces mutations peuvent affecter la reconnaissance immunitaire et l’infectivité du virus. Toutefois, les informations disponibles suggèrent que les risques de développer une forme grave de COVID suite à une infection par Pirola sont faibles pour les individus qui ont déjà été préalablement infectées par d’autres variants ou qui ont été vaccinées. Ce variant n’est pas moins dangereux que le variant de Wuhan, mais une grande partie de la population a développé une immunité face au SARS-CoV-2, ce qui réduit considérablement les risques d’infection grave. »

Plus de femmes atteintes

Les symptômes de l’infection par Pirola ne diffèrent guère des symptômes classiques du Covid. Toutefois, des études de cas montrent qu’il pourrait donner plus d’atteintes oculaires, un rash cutané au niveau du visage, de la diarrhée et plus de fatigue. Cependant, aucune étude prospective n’est venue le confirmer jusqu’à présent. Par ailleurs, une revue des cas en Europe montre que ce variant atteindrait plus les femmes que les hommes : 71% vs 29%. (1) « C’est un phénomène que nous avons observé avec d’autres variants. Une des raisons pour expliquer ce phénomène réside dans le fait que les femmes exercent plus souvent des professions de proximité que les hommes. Elles entrent donc plus fréquemment en contact avec le virus. »

 « On a déjà détecté Pirola dans plus de 20 pays différents. Il est très contagieux et en hiver il se dissémine plus, car les gens se retrouvent le plus souvent à l’intérieur, comme c’est le cas pour d’autres virus respiratoire comme celui de la grippe. »

Vaccination toujours efficace, toujours indispensable !

Le haut taux de mutation de Pirola ne remet pas en question l’efficacité des vaccins contre le Covid actuellement disponibles. « Même si certains sites antigéniques de la protéine spike de Pirola sont modifiées, d’autres sites restent inchangés et peuvent être reconnu par la réponse immunitaire de mémoire. Une étude parue dans Nature démontre qu’il existe toujours une reconnaissance de Pirola par les sérums des individus vaccinés. Ceux-ci sont donc probablement toujours protégés.  Toutefois, on sait aussi que cette immunité diminue au cours du temps. C’est pourquoi il est important de rappeler à la population de se faire vacciner avec les vaccins actualisés, comprenant un variant Omicron, afin de booster l’immunité contre les nouveaux variants comme Pirola. » (2, 3)

Tout risque n’est cependant pas écarté avec le Covid-19. « Ce virus évolue vite. On ne peut rien exclure pour l’avenir. Un des scénarios catastrophes serait d’assister à une recombinaison entre le SARS-CoV-2 et un coronavirus plus agressif comme le MERS-CoV (Middle East Respiratory Syndrome-Coronavirus), qui circule toujours chez les dromadaires au Moyen-Orient. Cette recombinaison pourrait permettre l’émergence d’un virus hautement contagieux pour l’humain, comme le SRAS-CoV-2, et hautement létal comme le MERS-CoV. Ce risque est très faible, mais il existe. » 

Au-delà de ce scénario du pire, Eric Muraille insiste pour dire que « il est toujours important de se faire vacciner aujourd’hui, non seulement pour se protéger soi-même mais aussi pour éviter que le virus ne circule trop. De cette manière, nous pouvons aussi protéger ceux qui présentent un déficit immunitaire et qui ne pourront jamais bénéficier d’une protection optimale suite à la vaccination. »

  • 1 Meo SA, Meo AS, Klonoff DC. Omicron new variant BA.2.86 (Pirola): Epidemiological, biological, and clinical characteristics - a global data-based analysis. Eur Rev Med Pharmacol Sci. 2023 Oct;27(19):9470-9476.

    2 Wang Q, Guo Y, Liu L, Schwanz LT et al. Antigenicity and receptor affinity of SARS-CoV-2 BA.2.86 spike. Nature. 2023 Oct 23. doi: 10.1038/s41586-023-06750-w.

    3 Lasrado N, Collier AY, Hachmann NP et al. Neutralization escape by SARS-CoV-2 Omicron subvariant BA.2.86. Vaccine. 2023 Nov 13;41(47):6904-6909.

Vous souhaitez commenter cet article ?

L'accès à la totalité des fonctionnalités est réservé aux professionnels de la santé.

Si vous êtes un professionnel de la santé vous devez vous connecter ou vous inscrire gratuitement sur notre site pour accéder à la totalité de notre contenu.
Si vous êtes journaliste ou si vous souhaitez nous informer écrivez-nous à redaction@rmnet.be.