La ministre de l'Enseignement supérieur Françoise Bertieaux (MR) n'a pas écarté mardi de mettre fin à l'avenir au recours aux questionnaires à choix multiples (QCM) avec points négatifs pratiqués par les établissements d'enseignement supérieur et lors du concours d'entrée en médecine après la publication d'une nouvelle étude mettant en doute l'efficacité et l'équité de ce dispositif.
Avec l'augmentation de la population étudiante, la pratique des QCM est de plus en plus courante dans l'enseignement supérieur en FWB, certains tests retirant même des points lorsque les étudiants livrent de mauvaises réponses.
Or, une étude menée dernièrement par l'UCLouvain montre que le taux de réussite des épreuves à points négatifs n'est que de 15%, alors qu'il est de 45% pour les QCM sans pénalité. Conclusion: les QCM à points négatifs font échouer des étudiants qui réussiraient la même épreuve si celle-ci était sans pénalité.
D'autres études ont également montré que les filles sont défavorisées par rapport aux garçons face à ce type d'épreuve.
Interrogée mardi en commission du Parlement par plusieurs députés sur la question, la ministre Bertieaux s'est dite "particulièrement préoccupée" par ces éléments de discrimination.
Elle a annoncé avoir demandé en conséquence à l'Académie de recherche et d'enseignement supérieur (Ares) d'investiguer davantage les éléments scientifiques sur cette question et d'identifier d'ici la mi-mars 2024 les textes à modifier pour mettre un terme, si nécessaire, aux QCM à points négatifs.
Vu la fin de la législature qui approche à grands pas, il sera toutefois compliqué de modifier les éventuels décrets avant les élections, a reconnu mardi Mme Bertieaux, mais des arrêtés ministériels peuvent, eux, l'être plus rapidement et facilement, a-t-elle souligné.
La ministre a également annoncé avoir écrit au président du jury qui supervise le concours d'entrée en médecine et dentisterie pour qu'il évalue "la pertinence et les possibilités" d'abandonner le recours aux QCM négatifs pour cette épreuve.
Si un abandon devait être décidé, celui-ci ne pourrait toutefois intervenir que pour le concours d'entrée prévu en 2025, et non dès 2024, a cependant averti Mme Bertieaux.
Bien que le recours aux QCM négatifs fasse partie de la liberté académique laissée aux établissements, des "solutions alternatives" existent, a rappelé mardi la ministre, tout en exprimant son incompréhension face aux résistances affichées par certains acteurs sur cette question.
"Certains devront accepter rapidement d'évoluer...", a-t-elle averti.
Le recours aux QCM à points négatifs est diversement pratiqué par les établissements d'enseignement supérieur en Wallonie et à Bruxelles.
En 2020, face aux critiques déjà émises contre les QCM à points négatifs, l'UCLouvain avait annoncé à renoncer à ce type d'épreuves pour l'évaluation de ses étudiants.