"Une ministre qui n'agit que dos au mur", "un flop total",... Jacqueline Galant et Caroline Taquin, les bourgmestres libérales de Jurbise et de Courcelles, ont vivement critiqué la ministre wallonne de l'Environnement, Céline Tellier (Ecolo), mardi, au lendemain de la publication des résultats du biomonitoring réalisé sur une centaine d'adolescents habitant à proximité des sept broyeurs à métaux de Wallonie.
Ce biomonitoring, réalisé à la demande des autorités wallonnes, a mis en avant des dépassements de la valeur de risque pour la santé pour certaines substances, et notamment pour l'arsenic. Le faible taux de participation ne permet toutefois pas d'incrimi ner formellement les broyeurs à métaux, selon l'Institut Scientifique de Service Public (ISSeP).
Malgré ces réserves, Jacqueline Galant, bourgmestre de Jurbise (Hainaut) et députée wallonne, appelle à des mesures urgentes pour protéger la santé des citoyens.
"Nous avons perdu énormément de temps dans ce dossier avec des résultats qui ont sans doute été reportés. On sait que des surexpositions existent et que des riverains sont touchés. Nous réclamons des mesures urgentes depuis des mois avec d'autres parlementaires mais comme d'habitude, c'est dos au mur que la ministre se décide à s'activer", déplore-t-elle dans un communiqué publié mardi.
Parmi les mesures réclamées, on retiendra notamment le lancement d'une nouvelle étude biomonitoring avec une campagne de communication afin d'obtenir un taux de participation suffisant; le lancement urgent d'une étude pour confiner les installations qui émettent le plus de particules; des recommandations claires pour les autorités locales et les riverains; des consignes concrètes pour les médecins généralistes; la création d'un guide de sensibilisation aux pollueurs éternels à destination des professionnels de la santé ou encore l'activation des discussions sur un fonds d'indemnisation pour les victimes.
"Ce biomonitoring est un échec sur toute la ligne, car il n'y a pas eu de volonté politique réelle", enchaîne Caroline Taquin. "Je peux résumer cette analyse en deux termes: pas de responsabilités établies et pas de véritables conclusions. Je n'en veux certainement pas aux scientifiques qui ont réalisé leur travail sérieusement sur base d'une ligne directrice impulsée par la ministre", ajoute la bourgmestre de Courcelles (Hainaut).
"Les résultats livrés ne peuvent être interprétés que de manière globale. Il est impossible d'avoir une analyse détaillée par site alors que ce qui m'importe, c'est d'avoir la réalité de terrain sur ma commune. Il m'est aussi impossible d'obtenir la localisation géographique (sur la zone concernée) des six ados courcellois qui ont participé à l'enquête. Cela m'a été catégoriquement refusé", poursuit Caroline Taquin.
"Au terme de cette étude, j'aurais souhaité être en mesure d'informer ma population de la situation de manière détaillée. Et s'il y a un risque avéré, le connaitre pour prendre les mesures qui s'imposent par rapport à l'entreprise Keyser", explique-t-elle encore.
"Pour me permettre d'envisager une fermeture de l'usine, il me faut du concret; des alertes du département des contrôles de l'environnement; des liens de cause à effet,... Ici, je n'ai rien", regrette la bourgmestre qui va demander un nouveau rapport à la police de l'environnement. "Si ce rapport me le permet, je pourrai prendre un arrêté de fermeture", conclut-elle.
Le dossier a par ailleurs été brièvement évoqué, ce mardi après-midi, en commission du parlement wallon où la ministre Tellier a été interrogée par Christophe Clersy (Ecolo) et Nicolas Tzanetatos (MR). "Maintenant que nous avons des données objectives, il faut poursuivre le travail. Je vais m'assurer que les choses suivent leur cours et je n'admettrai aucun frein", a-t-elle assuré.
"C'est notre job, en collaboration avec les communes, d'assurer une bonne qualité de vie aux riverains mais aussi d'aider les entreprises à investir dans les adaptations nécessaires à la poursuite de leurs activités en Wallonie", a enfin insisté la ministre.