Depuis septembre plusieurs pays européens signalent une augmentation du nombre de cas d’infection au streptocoque A invasif. Cela touche essentiellement les enfants de moins de 10 ans. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) ont lancé une alerte à la vigilance . Chez nous, Sciensano rapporte cinq décès, dont un enfant.
Il est habituel en hiver d’observer un pic de pharyngites à streptocoque A. C’est même presque un classique dans les crèches et les écoles. Cette infection est généralement bénigne et répond bien aux antibiotiques mais elle peut entraîner des complications et des décès. On assiste actuellement en Europe à une augmentation inhabituelle du nombre de cas. En France et en Grande-Bretagne, le nombre de ceux-ci est déjà supérieur à ce que l’on connaissait avant la pandémie de COVID. Chez nous, Sciensano rapporte cinq décès, dont un enfant.
Déclaration obligatoire
Sciensano insiste sur le fait que si la scarlatine, due elle aussi au Strepto A, n’est pas à déclaration obligatoire, c’est bien le cas des infections invasives, tant en Wallonie qu’à Bruxelles et en Flandre.
Le centre de référence situé à l’hôpital Universitaire d’Anvers (UZA) et les laboratoires vigies répartis dans le pays suivent l’évolution des cas. Ils confirment que chaque année on observe une augmentation parmi les enfants de moins de cinq ans et dans une moindre mesure chez les 5-9 ans. Actuellement, nous dit le Dr Veerle Matheeussen, du Centre de Référence de l’UZA, « le nombre global de cas en Belgique est sensiblement équivalent à celui des années pré-COVID, soit environ 420 cas. Mais pour les 0-5 ans, on a déjà reçu 116 isolats. Cela représente 26% de l’ensemble des cas, alors que les années précédentes, ce groupe d’âge ne comptait que pour 15 à 18% du total. En novembre, le nombre d’échantillons provenant de cette tranche d’âge a également augmenté. Mais surtout, le tableau clinique a changé. Auparavant il s’agissait principalement de bactériémie/septicémie avec comme foyer de départ essentiellement des infections cutanées. Pour les échantillons récents, c’est un tableau de pneumonie/empyème qui domine ».
En France, une surveillance renforcée a été lancée et les précautions d’usage ont été rappelées : lavage des mains, port du masque pour les personnes porteuses d’affections respiratoires, tousser et éternuer dans le pli du coude. Il y a aussi, souligne l’ECDC, la bonne ventilation des locaux et pour les crèches et écoles, la bonne désinfection des surfaces et des objets que tous prennent en mains, notamment les jouets. Mais on voit que ce sont les gestes recommandés chaque année contre les infections virales de l’hiver. Pour l’instant, l’OMS insiste simplement pour que l’on attire l’attention des parents sur ces précautions et pour que les cas suspects soient très rapidement pris en charge. On doit être attentif à ceux qui débutent de manière banale ou aspécifique mais qui vont en s’aggravant. L’OMS recommande également d’encourager les vaccins contre la grippe et contre le COVID. On ne parle pas encore de véritable épidémie. Les études actuelles ne mettent pas en cause une mutation ou l’apparition d’une nouvelle résistance. Ce serait peut-être une sorte de rebond après la pandémie de COVID, comme on s’attend à en voir venir un à propos de la grippe.