La Belgique, comme le reste du monde, planche sur un plan de déconfinement. C’est une question bien difficile: on espère pouvoir reprendre une activité économique sans causer une nouvelle vague de cas qui nécessiterait de réimposer un confinement. Marc Wathelet , spécialiste du coronavirus, a envoyé à Sophie Wilmés une alternative au plan du gouvernement. A découvrir ...
Le GEES propose un plan qui aura bien sûr l’oreille du gouvernement, mais qui souffre d’une déconnexion de certaines réalités concernant COVID-19, en particulier la nature de cette maladie, les propriétés du virus qui la cause, son mode de transmission, et la réponse immunitaire individuelle et collective à ce virus, SARS-CoV-2.
Je propose en alternative au plan du gouvernement, un plan très sérieux de déconfinement, qui est basé sur le principe de réalité, la compréhension des différences entre SRAS et COVID-19, la compréhension des mesures de santé publique requises, et le principe de précaution. De plus, ce plan est celui qui remettrait l'économie Belge en marche le plus rapidement possible et au moindre coût, s’il était adopté. Et il implique la participation d'entreprises privées belges en plus d’actions gouvernementales.
Ce plan est long et détaillé, et le texte complet peut-être trouvé ici. Je considère d’abord la question de l’immunité, un sujet complexe apparemment mal compris par les experts qui se sont prononcés publiquement sur le sujet, et les implications pour un retour à l’école et au travail.
J’explique les différences essentielles entre SRAS et COVID-19. Sciensano, et le gouvernement, continuent à nier ces différences. Le gouvernement propose donc une stratégie qui n’est pas adaptée à la situation. Pourtant ces différences doivent informer notre stratégie de déconfinement.
J’explique aussi la transmission asymptomatique et par aérosol pour arriver à la conclusion que les masques pour tout le monde seront indispensables. Je livre ici quelques conclusions clés de mon plan.
1 On ne peut pas compter sur l’immunité individuelle ou collective
Il semble clair qu’on ne peut pas compter sur l’immunité collective pour contrer la propagation de COVID-19 pour deux raisons : le niveau individuel d’anticorps induit lors de l’infection est souvent trop faible et instable ; et un haut niveau d’anticorps est associé chez les patients COVID-19 à une exacerbation sévère de la maladie : les anticorps ne sont pas toujours bénéfiques, ils peuvent avoir des effets délétères, c’est un phénomène observé avec certains virus.
2 Le mode dominant de transmission de COVID-19 est par aérosol.
On ne peut pas concevoir un plan de déconfinement sérieux qui n’accepte pas cette réalité. J’explique comment nous produisons des aérosols simplement en respirant et comment les aérosols infectieux contribuent à la propagation de la maladie. Un plan qui ne tient pas compte de cette réalité ne peut que conduire à une seconde vague plus importante que nécessaire.
3 La distanciation sociale est tout simplement ineffective pour les virus qui se transmettent par aérosol.
Avec un éternuement qui peut projeter des gouttelettes infectieuses à 8 m, et avec une transmission par aérosol qui peut envoyer des microgouttelettes sur des distances encore plus grandes, ce n’est pas une distanciation sociale de 1,5 m qui va contenir le virus. Seuls des masques efficaces permettent une densité de foule compatible avec une activité économique quasi-normale.
4 Les propriétés de SARS-CoV-1 et SARS-CoV-2 sont fort différentes.
Ces différences épidémiologique et de mode de transmission expliquent la différence énorme dans la propagation de SARS-CoV-1, seulement quelques 8.000 cas en 6 mois, vs. plus de deux millions pour SARS-CoV-2 dans le même lapse de temps.
5 La transmission de SARS-CoV-1 et SARS-CoV-2 sont fort différentes – les écoles.
Les évidences scientifiques indiquent que la plus grande prudence est de mise avant la réouverture des écoles, car l’idée que les enfants ne contribueront que peu à la propagation du virus est basée sur une analyse erronée. L’absence de moyens pour empêcher la transmission par aérosol ne peut que conduire à une deuxième vague. Il faudra des masques pour prendre le bus et retourner à l’école sans mettre la communauté en danger.
6 Le coût d’une deuxième vague peut être très important, à court et long termes.
En plus du coût important associé à une hospitalisation, les patients ne sortent pas toujours indemnes de COVID-19. Outre une rééducation longue et couteuse pour ceux qui ont survécu une intubation en soins intensifs, les patients hospitalisés peuvent avoir des séquelles respiratoires, cardiaques, hépatiques et neurologiques. Ces séquelles peuvent être sérieuses, et imposent un coût individuel et collectif important.
7 Rendre aux médecins la liberté d’exercer leur profession sans ingérence.
Il faut laisser aux médecins la liberté de prescrire ce que leur expérience et conscience dictent et en consentement éclairé avec le patient, ce qui devrait réduire les hospitalisations, les décès et les coûts.
8 Au niveau de la population générale, il faut faire une transition des masques en tissus, vers des masques chirurgicaux, puis vers des FFP2 ou mieux.
La manière la plus simple et la moins couteuse d’écraser la deuxième vague est de fournir des masques progressivement de plus en plus efficaces, en fonction de leur disponibilité, au grand public. Plus on écrase la deuxième vague, plus les coûts humains et économiques seront réduits.
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Derniers commentaires
Freddy GORET
27 avril 2020Enfin un rapport sensé et une approche scientifique du problème covid 19
Pierre MALDAGUE
25 avril 2020Merci pour cet excellent résumé de votre expérience et de votre avis alliant justification scientifiques et conseils pratiques.
Pierre Maldague
Jacques DE TOEUF
25 avril 2020Bravo.
Le plus pragmatique, le plus rationnel, pédagogique.
A mettre en oeuvre au plus vite pour la reprise d'activité par les médecins en consultation.
J de Toeuf
Jacques DE TOEUF
25 avril 2020Bravo.
Le plus pragmatique, le plus rationnel, pédagogique.
A mettre en oeuvre au plus vite pour la reprise d'activité par les médecins en consultation.
J de Toeuf