Les autotests de dépistage du VIH et du cancer du côlon, en vente libre dans les pharmacies, ne sont pas fournis avec les nuances et les informations nécessaires, estime mardi Test Achats après des visites anonymes dans 101 pharmacies. L'organisation plaide pour un contrôle par l'Agence fédérale des médicaments et des produits de santé des services fournis en pharmacie, à l'aide d'indicateurs de qualité, à l'instar des Pays-Bas.
L'association de défense des consommateurs, qui avait déjà mis en doute l'utilité de ces autotests, a envoyé deux clients mystères dans des officines belges. Dans le premier scénario, une femme de 54 ans a demandé un autotest d u cancer du côlon dans 51 pharmacies, tandis qu'un homme homosexuel de 25 ans s'est rendu dans 50 autres pharmacies, indiquant qu'il aurait eu des relations à risques. Sur base de ces visites, qui couvrent au total 101 pharmacies, Test Achats s'inquiète du fait que sept tests de dépistage sur 10 ont été vendus sans poser au patient «toutes les questions pertinentes ou sans lui donner suffisamment d'informations».
«En 2009, l'AFMPS a élaboré un guide des bonnes pratiques pour les pharmaciens qui décrit à quel point il est essentiel de disposer d'informations adéquates lors de la vente de médicaments ou, dans ce cas, d'autotests sans ordonnance», ajoute Test Achats. «Cela a également été souligné en 2018 par l'Association pharmaceutique belge.»
Cette dernière, si elle soutient qu'un des rôles du pharmacien est effectivement d'assurer l'accompagnement du patient, nuance quelque peu. «Selon la loi sur la libéralisation du circuit de distribution pour les dispositifs médicaux en Belgique (entrée en vigueur en février dernier, NDRL.), qui inclut ces autotests de dépistage, ceux-ci pourraient aussi se retrouver en grandes surfaces», pointe son porte-parole, qui pose ainsi la question de l'accompagnement du patient dans une telle situation.
De plus, dans le souci d'une approche qualitative, de nombreux mécanismes d'autocontrôle sont mis en place concernant les pharmaciens belges, rappelle l'APB: autocontrôle des préparations magistrales, autocontrôle de qualité des services en collaboration avec l'AFMPS,... et ce, afin de garantir la qualité des services.
L'association réagit également face au «faible échantillonnage» sur lequel se base Test Achats, soulignant que des formations avaient été organisées en amont de la distribution de ces tests en pharmacie auprès de toutes les unions professionnelles du secteur, auxquelles avaient participé environ 4.000 pharmaciens. «Ils sont donc nombreux à être impliqués.» Enfin, selon l'APB, les ventes de ces autotests en pharmacie sont loin d'avoir décollé, notamment à cause de la barrière financière qu'ils peuvent représenter.
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