Une proposition de loi récente de la députée Nawal Farih, membre du CD&V, vise à instaurer un cadre réglementaire plus strict pour les spécialistes pratiquant hors des murs hospitaliers, en mettant l'accent sur les prestations médicales à risque. L'objectif affiché est double : améliorer la qualité des soins et renforcer la sécurité des patients en instaurant un "registre des pratiques"
La genèse de cette initiative législative trouve son origine dans une tendance croissante parmi les spécialistes à préférer l'exercice extramural, motivée par des contraintes financières et organisationnelles moins rigides qu'en milieu hospitalier.
La députée pointe du doigt les limitations imposées par les hôpitaux en termes de suppléments d'honoraires et les obligations de garde, poussant les professionnels vers une autonomie lucrative mais potentiellement préjudiciable à la continuité et à la qualité des soins. "En raison des rétrocessions aux hôpitaux, les spécialistes sont de plus en plus enclins à démarrer une pratique extramurale", explique Nawal Farih. "De plus, les spécialistes sont également liés aux plafonds maximaux pour les suppléments d'honoraires que les hôpitaux imposent, tandis qu'ils ont un choix libre dans une pratique extrahospitalière s'ils ne sont pas conventionnés. En travaillant ainsi, ils peuvent également se soustraire aux gardes et aux permanences de l'hôpital."
Des listes d'attentes de plus en plus longues
"La continuité des soins est pourtant l'un des principaux points d'ancrage pour une prestation de soins de qualité. Dans les hôpitaux, nous voyons des listes d'attente de plus en plus longues pour certaines spécialités (par exemple, dermatologie, gynécologie, chirurgie plastique), ce qui oblige les patients à se tourner vers des pratiques extrahospitalères qui ne peuvent pas toujours offrir les mêmes garanties en termes de qualité et de sécurité", explique encore la députée CD&V sur la genèse de sa proposition de loi.
Selon elle, le principal objectif du soignant hors de l'hôpital est souvent la maximisation des profits, alors que cela devrait être l'optimisation des soins.
Registre des pratiques
La proposition de la députée préconise une obligation supplémentaire de déclaration pour les praticiens effectuant des interventions jugées à risque en dehors de l'environnement hospitalier. Elle envisage également l'instauration d'un "registre des pratiques" qui permettrait un suivi et une évaluation des activités extramurales, actuellement difficiles à quantifier faute de données centralisées.
Cette démarche s'inscrit dans une volonté de combler un "vide juridique", évoqué par Nawal Farih, concernant la régulation des pratiques extrahosptalières. En effet, si les hôpitaux sont soumis à des normes strictes en matière de sécurité et de qualité des soins, les structures extramurales échappent largement à ce cadre, créant une disparité préoccupante.
Actuellement, il n'existe pas encore de registre de toutes les pratiques médicales, ce qui rend impossible de connaître le nombre de pratiques extrahospitalières en Belgique ou le nombre d'interventions réalisées hors de l'hôpital. La loi sur la qualité prévoit bien une base légale pour un tel registre. Le registre des pratiques devrait normalement devenir opérationnel au cours de l'année 2024.
Des règles plus contraignantes
La première phase du projet de loi met l'accent sur la transparence et la collecte d'informations. Les praticiens devraient déclarer la nature des actes à risque réalisés, les mesures prises pour assurer la qualité et la sécurité des soins, ainsi que le nom de l'hôpital avec lequel un accord de collaboration a été conclu. Cette mesure vise non seulement à protéger les patients mais aussi à promouvoir une pratique médicale responsable hors des structures hospitalières.
Dans une perspective future, la députée envisage des règles plus contraignantes basées sur les données recueillies, incluant des critères de sécurité et de qualité spécifiques aux interventions extrahospitalières.
Une idée est aussi mise sur la table : différencier le remboursement des soins selon que les praticiens participent ou non aux permanences hospitalières, incitant ainsi à un engagement plus solidaire au sein du système de santé.
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Derniers commentaires
Bernard VAN LIERDE
01 mars 2024Excellente analyse d Erik FRANÇOIS notamment tout en bas de la page commentaires. Que cette chère et jeune Mme Farih retourne à ses occupations ( ou casseroles?) en soutenant son ´ami ´ président ´ du CD&V. Elle est déjà ´ spottée’. Elle ne dispose pas du titre de Docteur en médecine et on se demande bien, à part comme tant d autres actuellement et au plus jeunes au mieux se pousser du coude et faire parler d elle, ce qu elle vient faire ici et à quel titre elle se permet de parler n ayant strictement aucune compétence pour ce faire. Allez gratifier votre ´ sourire ´ dans votre microcosme et laissez les médecins qui eux travaillent réellement tranquilles. Quand il n y en aura plus de disposés à exercer dans l ambiance infâme que des gens et jeunets de surcroît comme vous s acharnent à leur créer pour se faire pousser politiquement nous savons très bien que ce n est pas sur vous et votre ramage qu il faudra compter pour continuer à faire vivre la médecine dans ce pays et soigner notamment les beaux parleurs comme vous. Jusqu à présent le réalisme de bon aloi prévaut qui dit que ce sont les médecins jusqu à nouvel ordre qui font la médecine et pas les beaux parleurs de politiciens qui n oublient bien sûr pas au passage de se faire (grassement ) payer tout en ne prenant bien entendu aucun risque. Au moindre coup de tabac c est le silence chez cette catégorie de personnes.
B van Lierde
Thierry Devigth
22 février 2024Recherche sur Google. Cette dame a fait des études de commerce international et, en 2018, est secrétaire particulière de Jo Vandeurzen alors ministre flamand de la santé. Elle est élue à la Chambre des Représentants (au fédéral donc) en 2019. Elle est accessoirement (ou principalement ?) la fiancée de Sammy Mahdi, président du CD&V. Aucune compétence donc en santé. Comme quasi tous les politiques, sauf nos rares consœurs et confrères. Aux combats et idées très rouges avec une volonté monomaniaque d'asservir encore plus les médecins. (un peu comme les agriculteurs quoi...)
Vincent LAMY
21 février 2024Surtout ne tuez pas la médecine spécialisée extra-hospitalière mais soutenez la plutôt.
Daniel Radbata
19 février 2024Excellents mots Éric François
Philippe DEGEEST
19 février 2024Encore un peu plus de contrôle !
Trop is te veel
Alexandre Sarafidis
19 février 2024Visiblement le but de Madame Farih n’est pas d’améliorer les soins ou diminuer le délais mais restreindre la pratique extra-hospitalière à l’encontre de l’évolution médicale ….
Ce type d’action va restreindre l’accessibilité et allonger les délais .
Alourdir le côté administratif dont tous les soignants se plaignent .
Bravo!!!
Pour la qualité extra-hospitalière , elle est de qualité autrement …..elle s’éteindrait d’elle même .
La transparence des buts devraient être claire aussi pour certains faisant de tels déclarations….
D’autre part si le fonctionnement extra et intra-hospitalier est le même alors le financement devra être exactement le même .
Je ne vois pas en quoi une consultation de dermato ,,gastro et autres serait de moindre qualité en extra-hospitalier…..!!!!
Que penser de tels déclarations … l’électeur devrait se poser des questions …
Pour les listes d’attentes : elles seraient moindre si certains patient respectaient leur rdv et annulaient à temps . Cela représentent beaucoups de consultations et examens . Cela diminuerait les délais . Peut être faut il envisager des mesures dans ces cas là. Quels sanctions pour ces non respectueux propose Madame Farih?
Freddy GORET
19 février 2024En effet quelles sont les compétences de cette dame ?? Médecin ? Avocate ? Sciences sociales ? Ingénieur ?
Ou star de petit écran ? Miss Flandre ? Fille de politicien? Influenceuse autoproclamée du net ??
Gilbert Hummler
19 février 2024quelle sont ses compétences en dehors de son sourire !!!!!!
Erik FRANCOIS
19 février 2024Pratiquer la médecine en cabinet privé (ce n'a jamais été mon choix personnel) c'est se donner la possibilité de passer le temps suffisant avec les patients, en dehors de la pression productiviste des hôpitaux.
C'est la possibilité d'accueillir et d'écouter. Les patients le comprennent et le choisissent. Personne n'est contraint d'aller consulter en cabinet privé. Et pourtant les médecins attentifs et consciencieux, qui prennent le temps, sont très sollicités. Il y a clairement une demande.
La maladie des politiques de tous bords est de réguler jusqu'à l'absurde.
Nous restons (?) une société à l'économie libre, avec un choix possible pour les patients et praticiens. C'est cela qui a permis la qualité enviée de la médecine belge. A moins que ce qu'on entend du Royaume Uni ou de France vous fasse envie, chers politiques?
Un simple exercice de pensée, basé sur un exemple d'un proche. Ce médecin très consciencieux passe une heure au moins par patient. Il a dû quitter l'hôpital où on lui reprochait sa lenteur. Après un burnout il a décidé de se lancer en privé. Ce médecin travaille à mi-temps pour des raisons de santé, et ne gagne pas beaucoup, mais il demande des suppléments d'honoraires (et bien entendu il lui arrive régulièrement de ne pas demander de suppléments, en fonction de la situation du patient, qu'il a le droit, encore, de juger au cas par cas). Il finance sans aide (étant spécialiste) son logiciel médical coûteux. Il supporte les pertes liées aux rendez-vous non honorés. Il finance ses congrès et ses congés.
Ce médecin, s'il devait faire l'objet de contraintes horaires, d'un travail forcé à l'hôpital, ou de limitations d'honoraires, ne pourrait tout simplement pas continuer la médecine. Et ses patients seraient privés de ses bons soins. Ses patients, mêmes modestes, font le choix de payer un supplément. Ils en ont le droit, comme ils ont le droit d'acheter une nourriture de meilleure qualité et de payer la salle de sport, pour être en meilleure santé.
La folie du micromanagement qui atteint le monde politique belge finira par tuer la médecine belge telle que nous la connaissons encore, en infantilisant les patients et poussant les soignants à l'épuisement.
Car qu'est-ce qui découle de l'interdiction des honoraires supplémentaires (ce qui va bientôt commencer pour les patients BIM) en cabinet privé, et du contrôle excessif de ces praticiens? La seule manière de gagner sa vie sera de "faire du chiffre"; d'enchaîner les rendez-vous en 15 minutes, de voir 30 patients par jour. Comme en France.
Il faut cesser de croire qu'un ministre quelconque a tout compris à la pratique médicale, bien mieux que les médecins et les patients, et qu'on peut inventer et imposer toujours plus de règles absurdes. Il est grand temps pour les médecins de réagir et de mettre un terme à ce genre de bêtises. Je propose au monde politique de relaxer le numérus clausus et d'améliorer l'attractivité des professions soignantes non pas avec plus d'argent, mais avec moins de micromanagement coûteux et contre-productif. Cela sera, in fine, bénéfique pour tous, et ne demande pas plus de financement (au contraire, on fera l'économie d'une part d'administratifs, qui pourront se reconvertir en soignants s'ils en ont le courage).