Solidaris dénonce les pratiques des pathologistes dans le dépistage du cancer du col de l’utérus

La mutualité socialiste Solidaris a tiré la sonnette d’alarme lundi dans un communiqué, accusant certains pathologistes de contourner les nouvelles directives de dépistage du cancer du col de l’utérus par intérêt financier. Ces professionnels de santé encourageraient la réalisation de tests inutiles, en dehors des recommandations médicales, au détriment des patientes.

Depuis le début de l’année, les directives de dépistage pour les femmes âgées de 30 à 64 ans privilégient une approche plus ciblée et scientifiquement validée. La nouvelle méthode repose sur une analyse du papillomavirus humain (HPV) réalisée tous les cinq ans, intégralement remboursée. En cas de test positif, un examen cellulaire complémentaire (cytologie) est prescrit, également pris en charge. Cependant, lorsqu’un test HPV est négatif, aucune analyse supplémentaire n’est nécessaire.

Malgré ces recommandations, Solidaris affirme que certains pathologistes incitent médecins généralistes et laboratoires à proposer systématiquement un « co-testing » combinant test HPV et cytologie, y compris pour les patientes HPV-négatives. Ces examens inutiles sont ensuite facturés aux patientes. « C’est une pratique intolérable. Les pathologistes bafouent les directives scientifiques pour sécuriser leurs revenus, au détriment des femmes », dénonce Paul Callewaert, secrétaire général de Solidaris.

Appel aux syndicats et aux associations médicales

Pour Solidaris, il est impératif que les acteurs du secteur médical réagissent fermement. La mutualité a inscrit ce sujet à l’ordre du jour ce lundi à la réunion de la médico-mut. « Les syndicats médicaux et les associations professionnelles doivent clairement se distancier de ces pratiques et appeler leurs membres à respecter les recommandations officielles », insiste Paul Callewaert.

Solidaris en appelle également aux gynécologues, médecins généralistes et laboratoires cliniques pour qu’ils émettent un signal clair à leurs collègues pathologistes. « Les patientes ne doivent pas être les victimes de ces abus. Nous saluons les médecins et professeurs qui dénoncent ces dérives et défendent les principes d’accessibilité et d’équité dans les soins », ajoute-t-il.

La science au service de la santé publique

Ces nouvelles directives s’appuient sur des études robustes, dont le rapport du Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) de 2015 et des analyses récentes de l’OMS et de l’Agence internationale de recherche sur le cancer (IARC). Selon ces données, le dépistage par test HPV est non seulement plus efficace que le frottis classique, mais également moins coûteux.

La mutualité rappelle que ces mesures visent à améliorer l’accessibilité du dépistage tout en maintenant sa gratuité pour les femmes. Elle exhorte les patientes à refuser le co-testing et à ne pas payer pour des examens non remboursés. En cas de doute, elles sont invitées à se tourner vers leur mutualité.

Solidaris prévient qu’elle continuera de surveiller ces pratiques et n’hésitera pas à engager des actions judiciaires si nécessaire. « Les instances comme Sciensano et l’INAMI partagent notre indignation. Ensemble, nous veillerons à ce que les recommandations médicales soient respectées », conclut Paul Callewaert.

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Derniers commentaires

  • Charles KARIGER

    13 janvier 2025

    Fakenews ? Infox ?
    Une fois de plus les « économétristes de la santé », actuaires et comptables prétendent être savants. Plus savants que les médecins.
    Nous lisons l’affirmation péremptoire (« Les Directives »! comme « Les Tables de la Loi » !) suivante :
    « Les instances comme Sciensano et l’INAMI partagent notre indignation » puisque « les directives de dépistage pour les femmes âgées de 30 à 64 ans privilégient une approche plus ciblée et scientifiquement validée. La nouvelle méthode repose sur une analyse du papillomavirus humain (HPV) réalisée tous les cinq ans, intégralement remboursée ».

    Mais lorsque l’on s’adresse à une réelle autorité SCIENTIFIQUE MÉDICALE, par exemple la Haute Autorité de Santé de la République française, on trouve d'autres recos :

    «Depuis mai 2018, le dépistage du cancer du col de l’utérus (CCU) s’appuie sur un programme national de dépistage organisé (PNDO). Il s’adresse à toutes les femmes entre 25 et 65 ans.
    La HAS recommande que le dépistage reste fondé sur la réalisation d’un frottis cervico-utérin (FCU) à partir de 25 ans et jusqu’à 65 ans, tous les 3 ans (après deux FCU normaux réalisés à 1 an d’intervalle) chez les femmes asymptomatiques ayant ou ayant eu une activité sexuelle »
    Et ailleurs, c’est encore différent. Les Saintes Directives sont politico-financières.

    Les prétendus indignés qui veulent nous diriger réfutent la préséance des connaissances sur les prétentions autocratiques des administrations financières. (Et que dire de leur refus de la liberté thérapeutique ?)

    Il est peut-être (sans plus) vrai que la Be ne puisse/veule payer plus et mieux à sa population féminine, mais nous ne pouvons continuer à accepter que ce soit présenté sous forme de fake-vérité MEDICALE. Ces sempiternelles manipulations qui nous salissent volontairement doivent cesser.
    À notre tour de nous indigner.