Ri De Ridder, qui a dirigé le service Soins de santé de l’Inami pendant plus d’une décennie, est parti à la retraite. Il avait été interviewé en primeur par nos collègues du Spécialiste . Le coup d’œil dans le rétro qu’il effectue aujourd’hui au micro des Mutualités libres (MLOZ) est instructif également. L’ex-top fonctionnaire y évoque entre autres le côté trop corporatiste et pas assez santé publique de l’approche belge.
Quand on lui demande ce qui lui a compliqué la vie professionnelle, le récent retraité évoque la difficulté, en concertation, de lancer de nouvelles idées. Le système de soins «est quand même assez lent pour réagir aux nouveaux défis.» Pour lui, les raisons en sont nombreuses, mais il cite la fragmentation des activités et le paiement à l'acte. Mettre l'innovation en œuvre est un défi en soi. «Le nœud décisionnel du système peine à évoluer (…) Au Comité de l'assurance, il est compliqué de sortir du mécanisme classique des accords et des conventions. C'est le 'business as usual' qui a cours, dans lequel chacun agit dans son propre intérêt.» Alors qu’il faudrait se placer d’après lui dans une approche partagée, orientée santé publique.
Ri De Ridder estime encore que le système, basé sur une structure qu’il qualifie d’artisanale et un peu dépassée, souffre d’un encloisonnement professionnel et d’une relation individuelle soignant-soigné, quand il faudrait une dimension sociétale. Un changement de mentalités chez les prestataires en général, à l’entendre, serait bénéfique. «On est face à une corporation avec ses propres valeurs, caractéristiques d'une profession qui décide elle-même, qui n'a pas l'air de devoir se justifier et qui n'a pas encore accepté que c'est le patient qui décide. Ce n'est pas le professionnel qui décide.» Il qualifie aussi d’usants les nombreux conflits de territoires ou de compétences.