Le GBO et MoDeS viennent d’organiser une matinée de réflexion sur l’avenir de la médecine. Une quarantaine de confrères généralistes et spécialistes y ont échangé leurs idées. Mais pour faire valoir ses idées, si bonnes soient-elles, il faut voter aux prochaines élections médicales, ont rappelés les organisateurs de la réunion.
Les médecins sont sous pression pour au moins deux raisons », a souligné le président du GBO Paul De Munck. Il manque de professionnels, d’une part, les enveloppes budgétaires sont insuffisantes, mais fermées, d’autre part. « Et cette pression se fait sentir dans toutes les professions de la santé ». D’où l’importance d’avoir des syndicats médicaux forts, faute de quoi le monde politique prend des décisions sans concertation avec le terrain ». « Pour éviter cela », insiste le Dr Ahmed Goubella, président de MoDeS, « il faut voter aux élections médicales et convaincre nos confrères de voter »
Les syndicats médicaux tels qu’ils sont aujourd’hui sont issus d’une longue évolution. « C’est peu avant la grève des médecins du milieu des années ’60, que cela a vraiment commencé », a rappelé le Dr Pierre Drielsma (Seraing). A l’époque, les médecins ont obtenu gain de cause sur pas mal de points. Cela démontre que les médecins peuvent exercer une influence sur les décisions qui les concernent. « Les enjeux sont multiples et les intérêts des médecins doivent être défendus dans près de 120 commissions de l’Inami » a expliqué la Dre Audrey Bonnelance, généraliste à Bruxelles. « Sans compter la complexité du pays, où le curatif est réservé au Fédéral tandis que le préventif incombe aux communautés et régions ».
La pénurie résulte de mauvais calculs du passé, a accusé la Dre Anne Gillet, présidente du Collège de Médecins générale. On n’a pas tenu compte des personnes qui consomment des soins sans attestations (ex. les illégaux), de la croissance de la population, de la précarisation et de toute une série d’autres facteurs évolutifs. Des accords précédents sur la proportion de généralistes n'ont pas été respectés. Les autres professions de santé sont aussi en pénurie et les tâches se reportent sur les généralistes, etc. Les généralistes qui s’installent sont rapidement débordés. « Cela m’est arrivé après un an d’exercice seulement » dit le Dr Pierre-Louis Deudon (Bruxelles).
Les retombées sur l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée sont évidentes. Il a fallu inventer mille stratagèmes pour garder l’équilibre. « J’ai engagé quelqu’un pour dire non à ma place » dit Pierre-Louis Deudon en parlant de l’accueil des patients. « Je coupe mon répondeur à 19h et le rallume à 7h du matin » explique Paul Vollemaere (GBO) « et j’évite au maximum ce qui n’est pas utile, comme les visites répétées, les prises de sang que je laisse faire par le labo, etc. ». Il faut une communication efficace entre professionnels de santé (généralistes, spécialistes, kinés, psychologues, infirmières…), disent plusieurs participants. Cela évitera que les tâches qui relèvent d’autres compétences ne restent à charge du généraliste. « Il faut aussi savoir reconnaître et respecter ses propres limites » dit encore le Dr Deudon.
Les difficultés de financement pourraient trouver une solution partielle dans l’échelonnement. « Une première ligne forte prodigue de bons soins, au bon endroit, par le bon prestataire et à un coût supportable » rappelle Anne Gillet. « Nous le réclamons depuis des années ». Mais il n’y a pas que la valorisation pécuniaire, ajoutent plusieurs jeunes confrères et consoeurs. La qualité de la relation avec le patient peut contribuer à la satisfaction personnelle et même au plaisir d’exercer son métier. Bref, le débat fut très riche en idées. Mais les « les solutions faciles n’existent pas » a conclu Thomas Gevaert, président du Kartel/ASGB, lui aussi présent. Il faudra donc continuer à réfléchir aux problèmes qui se posent … et à se battre ensemble.