La situation des retards dans l’octroi des numéros INAMI aux jeunes médecins, soulevée jeudi au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, suscite de vives inquiétudes dans le milieu médical. Yves Coppieters, ministre de la Santé, des Droits des femmes et de l’Égalité des chances, a détaillé les mesures envisagées en réponse à une question orale du député Fabian Maingain (DéFi).
Le député Fabian Maingain a évoqué les conséquences de ces délais administratifs, illustrées par le témoignage d'une jeune médecin généraliste. Margaux, qui a dû commencer à travailler au nom d’un autre médecin en attendant son agrément, décrit une situation injuste et floue sur le plan comptable. Les patients se retrouvent également pénalisés, payant davantage pour une consultation chez un médecin non agréé, alors que cette situation découle de retards administratifs indépendants de la volonté des jeunes praticiens.
La réponse du ministre
Le ministre Coppieters a précisé que la Direction de l’agrément des prestataires de soins de santé (DAPSS), bien qu’essentielle dans le processus, fait face à des défis structurels hérités de la sixième réforme de l’État. Depuis 2016, le nombre de dossiers traités annuellement par la DAPSS a augmenté de 38 %, passant de 18 000 à près de 25 000, sans augmentation significative des effectifs. La situation est aggravée par un taux élevé de rotation du personnel et des difficultés de recrutement.
Des mesures en cours
Pour remédier à ces dysfonctionnements, plusieurs actions ont été mises en œuvre. Le ministre a mentionné :
- La numérisation progressive des procédures via le portail AGSS, avec une seconde phase en cours pour simplifier davantage le traitement des demandes.
- Le recrutement de trois nouveaux agents, dont l’entrée en fonction est imminente.
- L’amélioration des conditions de travail au sein de la DAPSS, incluant le réaménagement des bureaux et la mise en place de projets novateurs.
Yves Coppieters a également annoncé la création d’une cellule stratégique pour traiter en priorité les dossiers urgents et réduire le retard accumulé. Il a toutefois souligné que ces mesures prendront encore quelques semaines avant de porter leurs fruits.
« Monsieur le Député, je partage pleinement vos préoccupations et je vous assure que cette situation m’empêche de dormir depuis quatre mois, vu le temps pris pour l’établissement des changements attendus », a-t-il déclaré, tout en promettant une mobilisation totale de l’administration pour accélérer le traitement des dossiers. « En collaboration avec mes collègues du gouvernement, je mettrai tout en œuvre pour trouver les solutions nécessaires à une gestion plus efficace et équitable des agréments des professionnels de la santé »
Des attentes élevées
Malgré ces annonces, Fabian Maingain a exprimé des réserves quant à la suffisance des ressources allouées et l’efficacité des mesures. Le député a notamment insisté sur la nécessité de maintenir une accessibilité administrative multicanal, y compris par le papier, pour garantir une administration inclusive. « La numérisation des données permet de transférer la tâche de l’encodage à l’administré et de soulager ainsi l’administration. Je vous invite tout de même à la prudence face à la disparition complète des procédures papier ».
Les deux parties s’accordent sur l’urgence d’accélérer les procédures pour permettre aux jeunes médecins d’exercer rapidement leur métier dans un contexte de pénurie. "La population a besoin de médecins généralistes. Vous devez faire tout ce qui est possible", a conclu Fabian Maingain.
Lire aussi: Une généraliste attend son numéro INAMI depuis septembre: «On se sent pris en otage»