Le contexte hospitalier est très particulier actuellement et les mises en réseau connaissent des tensions tant à l’est qu’à l’ouest de l’espace francophone. Va-t-on connaître une période d’arrêt ? Le Dr Philippe Devos, Président du Conseil Médical du Groupe CHC Liège, reconnaît que la situation est particulière " Tant que le législateur n’aura pas définitivement fixé les règles sur toutes les missions locorégionales et suprarégionales, je pense que ce sera compliqué d’avancer de manière sereine."
" Les différents acteurs ne peuvent travailler ensemble s’ils ne connaissent pas toutes les règles du jeu. Cette situation ralentit toutes les démarches. Le ministre avait annoncé que d’ici la fin de l’année 2023, toutes les règles seraient sorties, mais je crains que ce ne sera pas le cas. Il doit notamment transmettre des règles d'activité pour les maternités, les urgences, la néonatalogie. Ce sont les trois piliers que tous les médecins et tous les hôpitaux attendent." rappelle le Dr Philippe Devos.
Prendre une décision
Pourtant, la situation économique réclame des évolutions rapides : « À ce jour, aucun réseau n’est pleinement fonctionnel. Si on prend l’exemple des réseaux qui ont deux sites de chirurgie cardiaque, qui sont des enjeux essentiels, voire vitaux, dans le financement des hôpitaux, les acteurs se regardent en chien de faïence. Tant qu’un tiers, le ministre, n’aura pas tranché...on avancera que sur des éléments qui ne concernent pas directement la médecine comme la fusion des pharmacies, une meilleure collaboration entre les laboratoires, une fusion des services informatiques....Des éléments qui vont permettre une économie d’échelle mais qui ne vont pas toucher au "core business" de la santé hospitalière. Les services supports, si les réseaux pouvaient fonctionner avec confiance, fusionneraient déjà. Cela offrirait une amélioration de l’efficience qui permettrait de recentrer l’argent là où il doit être dépensé autour du patient.»
Discussion à l’arrêt entre médecins
Le Dr Devos insiste sur cet aspect « Pour faire des économies d’échelle, chacun doit réfléchir au-delà de son hôpital de manière un peu plus large. C’est une évolution nécessaire et la mise en place de réseaux va probablement accélérer cette transmuralité des hôpitaux. » Il donne un exemple : « Nous le faisons au sein de notre réseau avec Eupen et Saint-Vith qui sont les membres de notre réseau naturel. Nous avions commencé à le faire avec le réseau Ellipse, mais les conseils médicaux du réseau Elipse ont décidé d’interrompre de manière unilatérale les rencontres parce qu’ils voulaient d’abord avancer entre eux avant de discuter avec nous. »
Les élections approchent
Selon lui ce nouvel arrêt ne peut être que temporaire : « De gré ou de force, un jour ou l’autre, nous devrons travailler ensemble. » Sur le terrain, les hôpitaux et les médecins doivent composer avec d’autres acteurs : « Aujourd’hui, il y a de telles pressions, enjeux et conséquences politiques pour des bourgmestres et députés provinciaux, voire député wallon ou fédéral....que la volonté d’accélérer les choses n’est pas excessivement forte...Les enjeux politiques de ce type de communication sont lourds avec des enjeux électoraux de plus en plus proches. Les experts médicaux et les médecins ont été au bout du travail. La balle est maintenant dans le camp politique. »
Les noms évoluent
Ces derniers, comme certains médecins, dans certaines régions comme à Bruxelles, craignent aussi pour l’identité des hôpitaux. Pour le Dr Devos, il convient de voir à plus long terme : «C’est transitoire. Je vis dans un hôpital qui était auparavant les cliniques Saint-Joseph, de l’Espérance...les patients connaissaient la Clinique de l’Espérance pour la pédiatrie ou Rocourt pour la maternité. Quand on a déménagé, le nom a changé. Après quelques mois, la population l'accepte. Les noms des hôpitaux peuvent changer sans perturber à long terme les patients. Le jeune médecin qui va sortir ne fera pas, lui non plus, attention aux changements de nom à l'avenir. »
Derniers commentaires
Francois Planchon
04 mai 2023Et... si les hôpitaux prenaient les devants en faisant des propositions bien équilibrées ??
Euh... au passage, vu que le gouvernement veut faire des économies d'échelle en fusionnant les services centraux, on pourrait aussi lui suggérer de fusionner les ministères qui sont des doublons et qui diluent les compétences, au point de paralyser le pays... Avec la crise du Covid, on a assisté à un déplorable show qui a illustré notre émiettement des compétences en cascades inutiles !
Faire des économies chez les autres pour se permettre de continuer à dilapider les deniers publics, sans se mettre en cause, dans +/- 65 ministères / secr. d'état + 7 chambres, c'est provoquant !
Il est plus qu'évident qu'un petit pays de 300 km de long avec 11,5ons de citoyens, à peine une ville chinoise, cela devrait se gérer raisonnablement avec 15 ministères et une chambre d'une centaine de députés...
Les économies réalisées résoudraient rapidement le problème de la dette, et celui des effectifs en déficit dans les services au public...
Bref, prenons les devants et suggérons... Il sera alors plus difficile d'imposer aux hôpitaux des textes qui ne correspondent pas aux besoin du terrain !
Pour suggestion...