Pourquoi participer à HIMSS Liège les 28 et 29 mars 2017? Le Professeur Philippe Kolh du CHU de Liège nous explique pourquoi tous ceux qui sont concernés par la qualité à l'hôpital pourraient être intéressés.
HIMSS, l’organisme américain à but non lucratif, connu pour son grand congrès annuel de l’informatique médicale qui se déroule cette année à Orlando du 19 au 23 février, est également européen depuis 2007.
HIMSS Liège qui aura lieu les 28 et 29 mars et Belgique, sera l’événement «Health IT» de la région Benelux. Incluant des sessions en Français, en Anglais et en Néerlandais, ainsi que la visite du CHU de Liège, cet événement rassemblera les principaux acteurs de santé européens. HIMSS Liège est organisé en partenariat avec HIMSS Europe, le CHU de Liège et l’Université de Liège.
Pour nous parler de cet événement , nous avons rencontré le Professeur Philippe Kolh du CHU de Liège, l’un des experts et administrateurs internationaux de HIMSS. Il apporte à l’e-santé son regard multidisciplinaire. Pour ne citer que quelques-unes de ses activités professionnelles, le Professeur Kolh est chirurgien cardiovasculaire, professeur de physiologie et biochimie, chercheur, DSI (CIO) et chef du Département médico-économique Information du CHU de Liège.
Denise Silber: Professeur Kolh, vous êtes comme nos lecteurs, quelqu’un de très occupé, mais vous vous êtes donné à fond pour participer à la mise au point du congrès de HIMSS Liège. Quel est l’intérêt de cet événement?
Philippe Kohl: Je recommande aux parties prenantes de participer à ce congrès pour deux raisons. Premièrement, le thème qui porte sur le CCMM ou «Continuity of Care Maturity Model». C’est un modèle de soins qui met le patient au centre et c’est un modèle qui va dans le sens de la télémédecine et la diminution de l’hospitalisation. Grâce à l’inter-connectivité des systèmes d’information, toute l’information qui concerne le patient, qu’elle vienne de notre établissement ou d’autres sources, peut être intégrée au dossier médical informatisé. Le patient ajoute ses propres données, s’il le souhaite. Et deuxièmement pour la visite de notre CHU qui aura lieu en fin de journée le 28 mars.
DS: Le CHU de Liège vient d’atteindre le Niveau 6 de l’échelle EMRAM. Pouvez-vous nous expliquer en quoi cela consiste?
PK: Le CHU de Liège a atteint en novembre, 2016 le «Niveau 6» de l’échelle EMRAM ou EMR Adoption Model. EMRAM est un dispositif d’évaluation international créé par HIMSS. Alors que beaucoup de personnes ne connaissent que les congrès de HIMSS, ces outils sont très importants. Que je sache, il n’y a pas une autre méthode aussi efficace pour comparer le progrès des établissements en matière d’informatisation. L’échelle va jusqu’à 8, mais aucune structure n’a atteint le 8 à l’heure actuelle; nous sommes mêmes seulement deux établissements en Belgique à avoir atteint le 6, Liège pour la Wallonie et le CHU de Bruxelles. Notre objectif à Liège est d’atteindre le 7 en 2018.
EMRAM mesure la qualité des systèmes d’information intégrant le dossier médical informatisé. Le clinicien accède désormais à des outils d’aide à la décision; les prescriptions sont beaucoup plus sécurisées. Les interactions médicamenteuses potentielles génèrent des alertes, de même une fonction rénale insuffisante par rapport au traitement prévu va être signalée au prescripteur.
D’autre part, lorsque le patient bénéficie d’un dossier médical informatisé, l’infirmier peut effecteur le «cross-matching». Le code barre du bracelet patient et du médicament doivent être les mêmes. Les cinq «Rights» comme on dit en Anglais, doivent être respectés: le bon patient, le bon médicament, la bonne dose, le bon horaire, la bonne voie d’administration.
DS: Comment voyez-vous les suites immédiates de la «Health IT » ou e-santé? Nous avons l’impression que les progrès s’accélèrent mais que beaucoup reste à faire au niveau des hôpitaux avant d’intégrer l’intelligence artificielle dont on parle tant.
PK: J’ai suivi l’implantation de HIMSS en Europe depuis 2007 et je vois en effet tout ce qui a été accompli. Même si seulement 50 établissements européens ont atteint le stade 6 à cette date, on ne peut plus se passer des systèmes d’information. Avant de pouvoir personnaliser le traitement avec toute l’analyse génomique et autre, il faut au minimum avoir atteint la capacité de gérer des prescriptions et le dossier patient, les deux en mode électronique! On ne peut pas passer du papier à l’intelligence artificielle et au génome en direct!
Interview par Denise Silber (Basil Strategies) pour HIMSS Europe