Les médecins bruxellois réunis sous l’égide de la FAMGB (Fédération des Associations de Médecins généralistes de Bruxelles) et du BHAK (Brusselse Huisartsenkring) publient lundi leur mémorandum pour la politique de santé bruxelloise. Le document souligne les difficultés de la pratique des médecins généralistes à Bruxelles et dénonce des lacunes. Des propositions concrètes sont avancées.
Les cercles de médecins généralistes actifs à Bruxelles, francophones et néerlandophones, représentent près de 1.600 médecins. Leur vision de la politique de santé à Bruxelles est exposée an douze points-clés dans le mémorandum qu’ils publient lundi. Ils plaident en premier lieu pour une plus forte implication des généralistes dans les dossiers qui concernent la santé dans la région de Bruxelles Capitale « Nous sommes trop souvent mis devant le fait accompli », explique le Dr Michel Devolder, président de la FAMGB, « si on nous demande notre avis, c’est en général a posteriori et nous ne pouvons plus rien changer ». Et des problèmes, il y en a. On peut citer comme exemples les difficultés liées à la mobilité en ville, le coût des loyers, le manque de locaux adaptés, la sécurité dans certains quartiers, … Tout cela rend malaisés l’installation des jeunes et l’exercice de ceux qui sont en place. Par conséquent, les médecins bruxellois demandent des mesures pour le maintien des professionnels à Bruxelles : il faut faciliter l’installation et la pratique. Et à ce titre, « la nouvelle formule de la prime impulseo n’est absolument pas satisfaisante », souligne le Dr Devolder. Les difficultés concernent aussi les patients. Ils éprouvent fréquemment des difficultés à trouver le bon service ou le bon prestataire de soin dans leur proximité. Le numéro d’appel médico-psycho-sociologique 1710 qui a fonctionné pendant la crise du COVID avait pourtant fait ses preuves. Il faut remettre sur pied un numéro d’appel général « qui dépasse les seules questions médicales », précise le mémorandum et qui « soit accessible aux heures compatibles avec les pratiques médicales et la réalité des patients, soit 9h-19h au moins. Un guichet dans chaque commune ou quartier et un site web devraient compléter cette source d’information.
La santé mentale constitue un dossier majeur. « On assiste à une explosion des pathologies, en particulier chez les jeunes » dit le président de la FAMGB. Or l’offre de soins est insuffisante et tout au plus, s’il y a une aide en cas de crise, de nombreux patients sont ensuite laissés à eux-mêmes. « Il faut comprendre qu’il y a là un besoin prioritaire en première ligne. Les patients doivent être aidés dans leur propre langue et pris en charge précocement. Un protocole de collaboration entre psychologues et première ligne de sons est indispensable. Un problème particulier est celui des assuétudes de toutes sortes sont très nombreuses dans la capitale et peu de choses sont faites pour leur prévention et leur prise en charge structurée (points de tests, espaces de consommation, plan alcool et tabac, …).
La promotion de la santé, pourtant si importante, est trop négligée. Par exemple, il faut plus d’incitations à l’activité physique, quitte à ce que ce soit dans certains cas sous prescription, avec une aide financière pour le patient. Mais il faut surtout des espaces où des séances de pratique d’exercices physiques puissent être proposées. Et il faut un environnement sain : moins de pollution, plus d’espaces verts, notamment. Sans compter que le soutien politique à l’EVRAS est une nécessité évidente.
Les autres demandes des médecins bruxellois concernent des questions liées à la pratique quotidienne. Ainsi, ils déplorent la faiblesse du partage des informations entre les soignants et entre les soignants et non-soignants, par exemple ceux qui sont censés intervenir dans des situations sociales difficiles. Les CPAS sont grevés d’un trop grand esprit de territorialité, de procédures inutilement longues, d’absence fréquente du personnel. Et les prestations des médecins qui œuvrent pour elles sont rémunérées trop tardivement. Il faut améliorer tout cela. La précarité est croissante. Il faut encourager l’ouverture d’antennes du centre Athena, pour faciliter l’accès des personnes les plus vulnérables aux soins de première ligne. Cela inclut aussi les migrants, dont il faut revoir l’acceuil.
La communication avec les hôpitaux doit elle aussi être améliorée. Certains aspects de leur collaboration avec la première ligne pourraient peut-être devenir contraignants. Cela permettrait sans doute de diminuer la surconsommation de soins spécialisés et d’actes techniques et cela désengorgerait les urgences. Enfin, il y a la situation des maisons de repos et des maisons de repos et de soins. Certaines institutions ne fonctionnent pas de manière optimale, que ce soit dans la collaboration avec les généralistes ou dans leur organisation générale. Des scandales menacent. Un financement plus adapté et un audit externe indépendant seraient nécessaires. La compétence du personnel doit être garantie. Mais le maintien des patients à domicile aussi longtemps que possible doit être favorisé. Cela suppose un accompagnement étroit de ces patients par les patients, ce qui soulève à nouveau les questions de la mobilité et des parkings.
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Derniers commentaires
Catherine LE CLEMENT DE SAINT-MARCQ
17 novembre 2023Je suis d'accord pour l'ensemble des remarques et j'ajouterais que tu côté des patients il y a aussi parfois beaucoup de manquement, ils veulent tout tout de suite , ne viennent pas au RV, ne s'excusent pas, changent de médecin si on n'est pas disponible à la minute surtout en ce qui concerne les certificats. Par rapport à avant le covid, il y a un manque de respect vis à vis du généraliste, autre fois ce n'était pas comme cela!