Nouveaux indicateurs de prescription : surprise et mécontentement du GBO

L’Inami annonce dans une lettre aux généralistes que son service d’évaluation et de contrôle met en place de nouveaux « indicateurs antibiotiques pour une prescription efficace par les médecins généralistes ».  Cela s’est fait sans concertation avec les généralistes. Mécontentement du GBO, qui dénonce une fusion des fonctions de contrôle et de sanction et réclame une autre manière de faire. 

« L’Inami a pris son initiative sans qu’ « aucun représentant de la profession n’ait malheureusement été impliqué dans la rédaction ou la relecture de cette lettre », fulmine le GBO dans son dernier Flash-Info. D’autant plus que « le style abrupt ne servira malheureusement qu’à détourner les généralistes de l’objectif premier de la mise en place de ces indicateurs : la lutte contre la résistance aux antimicrobiens », écrit le Dr Pierre Drielsma dans l’organe de communication du GBO. »

Les indicateurs antibiotiques (1 indicateur quantitatif et 2 qualitatifs), rappelle Pierre Drielsma, « sont les trois indicateurs de déviation des bonnes pratiques médicales en vue de soutenir les médecins généralistes dans une prescription efficace des antibiotiques. Ils ont été définis par le Conseil National pour la Promotion de la Qualité (CNPQ), dont la partie francophone est composée de représentants syndicaux (GBO et ABSyM), de la SSMG et des facultés de médecine. Les mutualités y sont représentées sur l’autre banc et les services Recherche, Développement et Qualité (RDQ) de l’INAMI nourrissent le débat. L’objectif est de réduire les prescriptions inutiles.

« Dans la pratique », explique encore le Dr Drielsma, « le CNPQ a repris (mutatis mutandis) les attributions de la commission des profils (CP) qui surveillaient les déviations excessives par rapport aux bonnes pratiques et interrogeait les praticiens sur le pourquoi des déviations. Si les explications ne pouvaient rencontrer l’accord de la commission des profils, celle-ci renvoyait alors le dossier au SECM pour investigation approfondie et sanctions éventuelles. » Il y avait donc une étape intermédiaire avant la saisie par le SECM. 

Après différentes réformes, le SECM s’est vu attribuer un rôle évaluatif en plus de celui de contrôle. Le GBO ne veut pas de cette nouvelle manière de procéder. Il estime depuis le début que c’est une erreur stratégique et insiste sur le fait que « pour obtenir une pleine collaboration de la personne évaluée, seul un organisme non sanctionnant devrait pouvoir mettre en œuvre l’assurance de qualité via une évaluation par les pairs (peer review). » C’est ce qui se fait dans d’autres pays, par exemple au Québec. Il faut donc « revoir la copie », proclame avec fermeté le GBO. 

Dorénavant, dans la pratique, tous les généralistes recevront dans les six mois à venir leur position statistique par rapport aux indicateurs définis dans la lettre. Mais, dit le GBO, « Nous espérons également recevoir l’ensemble des statistiques concernant la population des généralistes, ce qui nous permettrait aussi de nous situer par rapport à nos confrères et consœurs. » Un an après la publication de ces statistiques, une deuxième évaluation aura lieu. Celles et ceux dont les chiffres dépasseront largement les indicateurs seront contactés par le SECM pour obtenir une explication. Si celle-ci est satisfaisante ou si le dépassement est contrôlable (càd rapidement modifiables), le généraliste sera sensibilisé à la question des antibiotiques. Si l’explication n’est pas satisfaisante, l’évaluation se termine et la fonction de contrôle entre en jeu avec un avertissement ou un contrôle (à noter qu’aucune notion de sanction ne figure dans le texte publié au Moniteur le 29/11/23).

Le GBO s’insurge une nouvelle fois contre « la fusion malencontreuse d’une fonction d’évaluation qualitative (assurance de qualité) et d’une fonction de contrôle sanctionnant. » Pour le syndicat, « il est impératif de distinguer ces deux fonctions, au risque de ne pouvoir obtenir la collaboration des ‘ dépasseurs’. Cela deviendrait un conflit plutôt qu’une collaboration. » Le GBO proposera donc à l’INAMI que, lors de la 2e évaluation, les premiers contacts soient pris par les pairs proposés par le CNPQ, et que le rôle du SECM se limite strictement à la 3e phase.

> Consultez la lettre du Service d’évaluation et de contrôle de l’Inami.

Lire aussi: Antibiotiques : les 6 actions qui devraient modifier le comportement prescripteur des médecins

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Derniers commentaires

  • Jean-Louis MARY

    15 décembre 2023

    On commence avec les antibiotiques ....et dans cinq ans ce sera tout le compendium qui sera passé au crible dans nos prescriptions.
    Avec bien sûr la menace ultime en arrière plan: retrait d'accréditation et puis d'agrément aux réfractaires.
    La conception de la médecine stalinienne de VDB...
    Où est encore la liberté de prescription, où sera encore le libre choix thérapeutique ?
    Nous serons devenus des robots priés d'appliquer les consignes diagnostiques et thérapeutiques des guidlines édictées par des fonctionnaires prêts à sévir....