L'Ordre est régulièrement interrogé sur le fait de savoir s’il est déontologiquement accepté qu’un médecin effectue une prestation de soins sur lui-même. Le Conseil national de l'ordre des médecins, en séance du 20 janvier 2024, a revisité cette problématique pour établir des recommandations déontologiques précises, remplaçant les avis antérieurs et apportant une lumière nouvelle sur les pratiques d'autodiagnostic, d'auto-certification, et d'auto-prescription par les médecins eux-mêmes.
1. Une nouvelle vision du soin de soi
Le Code de déontologie médicale de 2018, par son article 10, révèle une attention renouvelée au bien-être des médecins, soulignant l'importance de leur propre santé et la nécessité d'adopter un style de vie sain. Cependant, cette prise de conscience positive se distingue clairement de la pratique controversée des autosoins médicaux. La déontologie médicale met en garde contre l'auto-traitement, en raison des risques liés au manque d'objectivité , encourageant ainsi les médecins à se confier à des confrères pour leur propre suivi médical.
2. Les dangers de l'auto-prescription
L'auto-prescription, une pratique courante dans la communauté médicale mondiale, est particulièrement scrutée. Les études mettent en évidence une prévalence plus élevée d'abus de médicaments prescrits parmi les médecins, attribuée à l'accès facile aux médicaments, au stress professionnel et aux longues heures de travail. Le Conseil national condamne fermement l'auto-prescription de substances susceptibles de créer une dépendance pour un usage chronique, soulignant le risque de dépendance et les conséquences potentiellement graves pour la santé publique et la sécurité des patients.
3. L'auto-certification, une pratique à risque
L'émission d'auto-certificats par les médecins, notamment d'incapacité de travail, pose un problème de conflit d'intérêts et est généralement jugée impossible déontologiquement. Le Conseil national recommande la consultation d'un autre médecin pour l'émission de tels certificats, afin de maintenir l'intégrité du système de contrôle médical.
4. La facturation et les missions non curatives
Il est également jugé inapproprié pour un médecin de facturer des consultations ou avis médicaux à l'assurance soins de santé pour des prestations réalisées sur soi-même. De même, les missions non curatives (médecine de contrôle, médecine du travail, etc.) exigent des principes d'indépendance, d'impartialité et d'objectivité qui rendent leur auto-application inadmissible.
6. Vers une pratique médicale plus éthique
En conclusion, le Conseil national souligne l'importance pour les médecins d'éviter les autosoins, non seulement pour leur propre bien-être mais aussi pour la sécurité des patients. Les recommandations émises visent à encadrer les pratiques médicales des médecins, en rappelant l'importance de la compétence, de l'objectivité et de la consultation entre pairs. Les médecins sont encouragés à suivre ces lignes directrices pour préserver l'intégrité de leur profession et garantir la qualité des soins apportés à la population.
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Derniers commentaires
Julien DEBEAUMONT
26 février 2024L'auto-certification, une pratique à risque : En principe si nous parlons d'une incapacité de travail, celle ci ne peut pas être logiquement faite. En effet, si on se considère en incapacité de travail...on ne peut pas réaliser un certificat.
Claire Louis
01 février 2024Dans l’intégralité de l’avis, concernant l’auto prescription, cela m’étonne que les antidépresseurs soient cités comme ne pouvant être auto prescrits puisqu’ils n’engendrent pas de dépendance ni de trouble de concentration ou de mémoire, et rarement une somnolence excessive.
Selon mon expérience, s’ils sont indiqués (et il n’y a pas « d’intérêt » à en prendre, sinon) ils améliorent les performances intellectuelles en les restaurant.
Par contre, je comprends que l’auto prescription Excessive de morphiniques ou benzodiazepines soit concernée.