Les généralistes injustement accusés de surprescription d'antidépresseurs (ABSyM)

Les généralistes belges ne doivent pas être tenus responsables du taux élevé de consommation d'antidépresseurs dans le pays. C'est ce que déplore l'Association belge des syndicats médicaux (ABSyM) dans un communiqué publié mardi, en réaction à un article de De Tijd du 4 janvier, qui désigne certains médecins comme de grands prescripteurs de ces médicaments.

Selon De Tijd, 10 % des généralistes auraient prescrit des antidépresseurs à plus d’un patient sur cinq l’année dernière. Cependant, l'article ne précise pas le nombre exact de médecins concernés, se limitant à évoquer des pourcentages. Un rapport du Service des soins de santé efficaces de l’INAMI, publié le 2 novembre 2024, indique que 11,58 % des patients en Belgique ont reçu une prescription d’antidépresseurs en 2023. Ces patients, en majorité des femmes, ont en moyenne 57,8 ans, et la consommation augmente avec l’âge.

Une problématique complexe et partagée

Pour l’ABSyM, accuser les généralistes de surprescription revient à ignorer la complexité du problème. Ces médecins, souvent en première ligne face aux troubles mentaux, sont confrontés à une hausse générale des cas de dépression et d’anxiété, exacerbée par des facteurs tels que les incertitudes sociales, la solitude, ou encore les conséquences de la crise sanitaire.

La faible accessibilité aux soins psychologiques aggrave la situation, les listes d’attente pour consulter un psychologue ou un psychiatre étant longues. Dans ce contexte, les antidépresseurs deviennent parfois la seule solution immédiate pour soulager les patients.

Respect et soutien nécessaires

L’ABSyM insiste sur la nécessité d’un meilleur soutien aux généralistes, en réclamant davantage de moyens pour les soins psychologiques. « Les généralistes méritent plus de respect et de reconnaissance pour leur rôle crucial dans la prise en charge des patients en détresse psychologique », souligne le Dr Johan Blanckaert, président de l’ABSyM.

L’organisation invite les acteurs contribuant à la stigmatisation des médecins à réfléchir aux conséquences de leurs propos. « Une réduction injustifiée des prescriptions pourrait entraîner une hausse des suicides ou des hospitalisations psychiatriques », alerte le Dr Jos Vanhoof, Vice-président de l’ABSyM.

L’association appelle à des solutions partagées pour un problème qui dépasse largement les consultations médicales, dans l’intérêt des patients et de la société.

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