Le ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, Frank Vandenbroucke (Vooruit), a annoncé dimanche sur VTM un investissement de 55 millions d'euros dans un ensemble de mesures pour soutenir les généralistes et les cabinets de médecine générale. Les mesures seront examinées lundi par le Comité de l'assurance de l'Inami.
Les généralistes pourront ainsi se faire assister plus facilement par du personnel de soutien. Les jeunes généralistes en formation pourront bénéficier d'incitants à l'installation dans des régions où il manque de médecins. Le médecin généraliste sera davantage soutenu pour le suivi des patients chroniques et pour les gardes.
Enfin, les moyens serviront aussi à mieux armer les médecins généralistes pour aider les patients souffrant de problèmes mentaux via une collaboration accrue avec les psychologues de première ligne.
Les mesures seront examinées lundi par le Comité de l'assurance de l'Inami, où siègent les prestataires de soins et les mutualités.
Quelque 16,7 millions d'euros seront consacrés au personnel de soutien du médecin généraliste. Le médecin ou le cabinet de médecine générale pourra bénéficier d'une aide comprise entre 5.000 et 7.500 euros en fonction du nombre de demandes. Le ministre s'attend à ce que 4.872 cabinets individuels et 605 cabinets de groupe, soit 5.477 cabinets au total, puissent prétendre à cette prime, car ils n'ont pas encore engagé de personnel par le passé. Elle pourra être demandée et octroyée pour la première fois en 2024.
Par ailleurs, pour les cabinets qui emploient déjà du personnel aujourd'hui, une intervention forfaitaire annuelle d'au moins 3.796 euros est prévue pour la gestion d'un assistant administratif ou d'un assistant de pratique avec un contrat de travail à durée indéterminée ou pour la gestion d'une infirmière de cabinet dans le cadre d'une collaboration permanente.
Un budget de 2,26 millions d'euros sera débloqué pour déployer, à partir du mois de septembre, de jeunes médecins généralistes en formation dans des zones rurales ou urbaines où le manque de médecins généralistes est significativement élevé.
Selon M. Vandenbroucke, la plupart des médecins généralistes en formation - actuellement 2.100 - sont attirés par des formations à proximité de leur ville universitaire et dans les grands cabinets.
L'objectif est d'utiliser les moyens supplémentaires de manière ciblée pour réduire les freins à l'installation dans des zones qui manquent de médecins généralistes, que ce soit pour des raisons pratiques (trajets plus longs, pas de logement...) ou sociales (distance par rapport à leur vie sociale habituelle et au cercle d'amis).
Le doublement de l'honoraire de disponibilité pour les gardes entré en vigueur en février dernier sera pérennisé (9,121 millions d'euros). Pendant les heures compliquées, les médecins généralistes participent aux gardes organisées.
Le montant d'honoraire de disponibilité par heure qu'ils perçoivent a été doublé pour atteindre 15,2 euros pendant les week-ends et les jours fériés.
2,449 millions d’euros seront inverstis pour un meilleursuivi des patients chroniques. Un DMG relevé à 67,12 euros avait déjà été prévu pour les patients ayant le statut de malade chronique et âgés de 30 à 85 ans. Aujourd’hui, des fonds sont débloqués pour augmenter de plus de 20 % le DMG pour les patients plus jeunes et plus âgés atteints de maladies chroniques, pour le porter à 44,24 euros. Il s’agit d’une augmentation pour 321.005 patients. Les versements commenceront en septembre.
Enfin, à partir du mois d'avril, les médecins généralistes ou cabinets de médecine générale pourront répondre à un appel pour recevoir le soutien d'un psychologue clinicien ou d'un orthopédagogue clinicien. Un budget de 25 millions d'euros sera consacré à cela.
Concrètement, un psychologue clinicien ou un orthopédagogue clinicien travaillera un certain nombre d'heures par semaine pour soutenir le médecin généraliste dans son cabinet. Le psychologue ou l'orthopédagogue pourra offrir son expertise pour déceler plus rapidement et plus efficacement les signaux de problèmes psychologiques, il pourra rendre des avis sur les possibilités en matière de traitement, de renvoi et d'éventuels soins autonomes.
Ce soutien peut se faire sous la forme d'une discussion de patients individuels au cabinet, de discussions thématiques au cabinet ou dans un groupe local d'évaluation médicale (GLEM), où la pratique médicale est partagée. Autre possibilité: offrir à un patient une consultation conjointe (médecin généraliste et psychologue réunis).
Les concertations à ce sujet se poursuivront dans les prochains jours avec Domus Medica et le Collège des médecins généralistes (CMG).
Selon M. Vandenbroucke, ce renforcement de la coopération entre les médecins généralistes et les psychologues s'inscrit dans le droit fil de la réforme des soins de santé mentale de première ligne, qui a fait l'objet d'investissements massifs. Il a également pour objectif que les psychologues de première ligne et les orthopédagogues (SPPL) travaillent en dehors des murs de leur cabinet. Cela permet de détecter plus rapidement les signaux inquiétants et d'éviter les problèmes psychologiques à long terme.
" Le généraliste d’aujourd’hui attache plus d’importance à un bon équilibre entre sa vie professionnelle et sa famille. L’impact de cette évolution sur l’organisation des soins de santé ne peut pas et ne doit pas être sous-estimé. C’est pourquoi nous devons encore renforcer notre première ligne ", indique le ministre Vandenbroucke. " Il ne s’agit pas de se contenter d’augmenter le nombre de médecins généralistes. Il faut aussi et surtout améliorer l’organisation et le soutien. Et c’est précisément pour cette raison que nous prenons aujourd’hui plusieurs initiatives supplémentaires afin de renforcer encore les médecins généralistes et d’offrir aux patients une plus grande certitude quant à la qualité et à l’accessibilité des soins de santé primaires."