Le deuxième pilier du New Deal proposé par le ministre Frank Vandenbroucke vise à réduire les formalités administratives inutiles. L’opération crocodile bleu veut sensibiliser le monde médical, les autorités et le grand public au problème des certificats inutiles. L’action remporte un franc succès
Un des aspects bien réels auxquels sont confrontés les médecins réside dans la demande de certificats émanant de toute une série de structures telles que les écoles, les clubs de sport, les entreprises, … Beaucoup ce ces certificats ne sont pas pertinents du point de vue médical mais au total, ils prennent beaucoup de temps.
Lancée en Flandre en 2022 par le groupe de pilotage Kafka (Jong Domus, Kartel-GBO/ASGB/ MODeS-, BVAS et AADM), l’action « Crocodile bleu » veut protester contre tous ces certificats inutiles. Son nom évoque leur absurdité, tout comme il y a absurdité à dire qu’un crocodile est bleu. L’opération a commencé en Flandre en 2022 et s’est ensuite étendue sur la capitale et le sud du pays. Le groupe de pilotage néerlandophone a apporté son aide aux francophones pour le lancement de l’opération et a annoncé au nord du pays son démarrage à Bruxelles et en Wallonie. L’idée est simple : il s’agit d’apposer sur ces certificats un cachet « crocodile bleu », qu’on peut se procurer via le site « certificats-absurdes » au prix de 10 euros. Le même site fournit d’ailleurs des exemples de certificats sur lesquels il est souhaitable d’apposer le tampon et d’autres certificats sur lesquels il ne faut pas le faire.
« Il ne nous est pas possible pour l’instant de préciser le nombre exact de cachets vendus, dit la Dre Sarah Cumps, qui participe à la coordination de l’action au sein de la SSMJ (branche jeune de la SSMG). « Mais ce qui est certain, c’est que nous avons un excellent retour de l’initiative. L’information a été largement diffusée et beaucoup de confères, tant parmi les plus jeunes que chez les aînés, nous disent leur satisfaction de pouvoir enfin exprimer leur mécontentement à propos des certificats inutiles ». Le message a même été entendu en France, puisque le Collège de la Médecine Générale français a contacté la SSMJ pour éventuellement lancer dans l’Hexagone une opération similaire.
Il y a bien quelques médecins qui disent soutenir l’action sans souhaiter y participer activement mais ils ne sont pas très nombreux. Ils estiment que si l’idée est bonne, son impact restera faible. D’autres encore ont interpellé les organisateurs sur le coût : « où va l’argent ses cachets ? » demandent-ils. La réponse est simple, dit la Dre Cumps : « c’est le coût du cachet lui-même, plus les frais de port. Nous ne faisons pas le moindre bénéfice là-dessus ». D’autres confrères craignent que la demande de certificat ne soit en réalité le symptôme d’un autre problème chez le patient. « Il n’est nullement question de refuser l’aide au patient », commente Sarah Cumps, « mais ce que nous voulons, c’est éviter que la demande de certificat inutile soit le seul motif de la venue du patient »
Il n’y a pas de date fixée pour la fin de l’action. « Le projet est largement transversal » dit Sarah Cumps. A côté de la SSMJ et de la SSMG, la FAGW, le GBO-Kartel, la FAMGB, l’ABSyM et le CMG sont partie prenante. « « Mais nous n’avons aucune réaction de la part des autorités », conclut-elle
Lire aussi: Un crocodile bleu pour tamponner les attestations absurdes
Derniers commentaires
Nathalie PANEPINTO
02 mars 2023L'existence d'une partie du management est liée à l'existence de certificats absurdes. Supprimer ces derniers remettrait en cause l'existence même de cette partie du management qui parasite les soins de santé. Quelle est la réelle plus-value, par exemple des accréditations Or, pour la qualité des soins délivrés aux patients ? Comment est évaluée l'écoute et l'empathie dans un hôpital devenu une entreprise comme une autre et non plus une asbl ? La paperasserie transforme le non-marchand en marchand, transforme le médecin en professionnel de la santé, le patient souffrant en assuré d'une mutuelle qui assure une partie du financement de l'entreprise...